Extrait du journal

ii Mon fils a raison ; les Boers sont des re belles et des sauvages ; nous devons, en cou séquence, les traiter en rebelles et en sauva ges par l’extermination. u Nous ne sommes pas venus ici pour faire du sentiment. « Nous luttons pour l'existence même de l’empire britannique et le dernier mot nous restera, dussions-nous, pour assurer la con quête, sacrifier deux cent mille hommes et deux cents millions de livres (cinq milliards). Pour la seconde fois, Casse-Cou maîtrisa son indignation et sa douleur. Il comprit qu'un abîme le séparait de ce gentleman qui venait de mettre à nu l’âme anglaise orgueilleuse, avide, égoïste et féroce 11 balbutia d’une voix entrecoupée les lar mes aux yeux : u Ah ! milord, ne dites pas cela, je vous en supplie. « Ces patriotes que vous prétendez exter miner sont bons et humains pour les prison niers... ils vous donnent des soins dévoués, à vous personnellement qtri avez sévi de si impitoyable façon contre le fermier David Potier. — Ce que j'ai fait comme président de cour martiale, je le ferais demain, si j’étais libre et valide. — Vous ordonniez l’exécution sommaire d'un patriote, d’un époux, d’un père qui dé fend sa vie et sa liberté ? — Sans hésiter, et pour obéir aux ordres formels de Sa Majesté la Reine qui veut la conquête et l'annexion définitive des répu bliques. » A ces mots, qui peignent ou plutôt qui dé finissent la race anglaise tout entière, CasseCou se lève, près d’éclater. — Un cri aigu, suivi d’une imprécation, lui coupe la parole. « Chien d’Anglais ! Tu n’assassineras plus personne ! »...