Extrait du journal
Avocats et Magistrats Au tribunal, malgré la gravité du lieu, les séances ne sont pas toujours tristes ; elles sont parfois égayées par des incidents qui dé rident les juges les plus sérieux et qui amu sent le public. Il y a des types de prévenus qui sont res tés légendaires ; on rencontre aussi bon nom bre de magistrats spirituels et d'avocats qui ne manquent pas d’esprit. J’ai connu un magistrat facétieux qui pre nait un malin plaisir à interloquer les té moins. Un jour, interrogeant une dame qui mal gré son âge respectable, se donnait des airs de jeune femme, il lui posa les questions d u. sage : — Femme Silvère, quel âge avez-vous ? — Vingt-six ans. monsieur le président. — Vous ne les paraissez pas. — Monsieur le président est trop aimable, dit le témoin en minaudant. Et le président implacable d’ajouter : — Vous paraissez davantage. C’est le même, qui dans une affaire de po lice correctionnelle, interrogeait un témoin. — Tricornet, demanda-t-il, vous accusez le nommé FalL«;ui»e de vous avoir frappé. — Où vous a-t-il frappé ? — C'est la vérité pure, mon président. — Il m’a envoyé un coup de pied dans le... — Allez vous asse nr sur ce mot, dit-il, le tribunal est éclairé. Une autre fois, dans une affaire de cour d assises, il appelle un témoin pour faire sa déposition. — Comment la querelle s’est-elle engagée ? interrogea-t-il. Voilà : cela a commencé par des injures et voici les expressions dont s’est servi le prévenu, monsieur le président : vous êtes un imbécile. Adressez-vous au président du jury, in terrompit-il vivement. Les témoins prennent quelquefois leur re vanche. Un magistrat minutieux posait continuel lement des questions oiseuses aux témoins et aux accusés, insistant sur des détails qui n a vaient aucune importance. Un jour, il interrogeait un témoin depuis une demi-heure, le retournait et le mettait à la torture. Le témoin déposait qu’il avait vu le préve nu frapper la victime. A quelle distance étiez-vous de l’accusé lorsqu il a frappé le plaignant, demanda le magistrat. A six mètres trente-trois centimètres, ré pondit le témoin. ; Si* mètres trente-trois centimètres, ré pliqua le magistrat ; comment pouvez-vous connaître d une façon si précise la distance qui vous séparait de l’accusé "7* J avais apporté un mètre, dit le témoin; j ai pensé qu'il pourrait se trouver quelque imbécile pour me poser cette question et j’ai pr.s la mesure. Un jeune avocat très vaniteux et dont le talent était plus qu’ordinaire, plaidait la cau se d un orphelin. Après l’audience, il vint trouver le prési dent du tribunal. — J espère, monsieur, lui dit-il, avoir ex cité votre compassion. F.n effet, répondit le président, vous m’a vez fait pitié. il n y a pas longtemps encore que, en An gleterre, la bigamie était un cas pendable. On jugeait à Londres un homme qui avait épousé cinq femmes. Accusé, demanda le juge, pourquoi avezvous épousé tant de femmes; une seule ne vous suffisait pas ? » . — Monsieur le juge, dit l’accusé, c’est pour tâcher d en trouver une bonne ; je vous assuer que je m y serais attaché et je lui serais demeuré fidèle. Eh bien, répondit le juge, puisque vous ne pouvez pas trouver une bonne femme en ce monde, vous réussirez peut-être mieux dans 1 autre ; nous allons vous y envoyer. En Amérique, les juges sont éius par le suffrage universel, aussi sont-ils remplis d égards pour les prévenus. Iis ne leur posent de questions qu’avec la plus grande politesse et ils ne se départissent jamais d’une parfaite civilité. C est en ces termes qu’un juge annonça à un meurtrier sa condamnation à mort : Accusé, mons.cur l’accusé, levez-vous, je vous prie ; c est là une formalité prescrite par la loi, sans cela je me ferais un scrupule de vous déranger. Vous êtes inculpé d'un crime qualifié d assassinat, je crois ; à mon grand regret, le jury vous a déclaré coupa ble. J’ai malheureusement tout en réservant mes sentiments personnes, à vous annoncer que vous devez être peu .lu par le cou jusqu’à ce que mort s'ensuive. Maintenant, je vous prie, asseyez-vous. l'ermettez-moi encore une question : A quelle heure vous serait-il le plus convenable d être pendu ! A quel moment cela vous dérangerait-il le moins ? Les avocats égaient souvent les séances par leurs réparties. Un avocat, qui était borgne, plaidant un jour, mit des lunettes pour lire une p*.ce. — Messieurs, dit-il, je ne produirai rien qui ne soit nécessaire. L’avocat adverse lui répliqua :...
À propos
Fondé en 1889 à Lille, Le Réveil du Nord s'est d'abord défini comme une parution radicale et antiboulangiste du Pas-de-Calais. Les années suivantes, il s'affirme comme la plus grande publication de gauche de la région avant, contre toute attente, de sombrer dans le collaborationnisme sous l'Occupation. En conséquence de quoi le journal fut interdit en 1944.
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