Extrait du journal
Vous tètes pas sans connaître un petit jeu, que vous avez dû jouer dans votre enfance, et qui consiste en ce qu’aux questions qui vous sont adressées, vous n’avez le droit de répondre ni oui, ni non, ni monsieur, ni madame, ni mademoiselle. C’est ce petit jeu que nous jouons en ce moment avec le gouvernement, ainsi qu’il appert du nouveau procès fait à M. Gambetta, de la circulaire de M. de Fourtou et de toutes les circulaires généralement. quelconques. La gouvernement interroge et nous répondons... Seulement nous ne poums répondre ni oui. ni non, m meneur, ni madame, ni mademoiselle. Exemple : Le gouvernement se lève et nous demande : « Me soumettrai-je? » Nous ne pouvons pas répondre oui; nous outragerions M. de Mac-Mahon. 11 est vrai que nous ne pouvons pas répondre non, car nous l’outragerions encore. Dire qu’il se soumettra, c’est porter atteinte à sa dignité; mais dire qu’il ne se soumettra pas, c’est suspecter son bon sens, puisqu’alors il est absolument inutile qu’il consulte la nation. Le gouvernement continue et nous demande : « Me démettrai-je? » Nous ne pouvons pas répondre oui ; nous outragerions le maréchal. Nous ne pouvons pas répondre non; car enfin nous ne pouvons pas savoir. •M. Gambetta répond : Selon ; et on le fourre en prison, ce qui prouve qu’on ne peut pas non plus répondre : Selon. Cela, c’est une complication ; si nous étions encore petits enfants, nous dirions que cela n’est pas de jeu. Décidément nous ne jouerons plus avec le gouvernement. Nous jouerons d’autant moins que son jeu n’est pas innocent; autrefois, nom donnions des gages; aujourd’hui, les gages,c’est la prison et l’amende. Le gouvernement ne se soumettra ni ne se démettra. Ni oui, ni non. Qu’est-ce qu’il y a entre oui et non? Il y a : peut-être. Peut-être, c’est selon ; et selon, on vient de le voir, c’est défendu. Ne pas se soumettre à la nation, et ne pas se démettre, c’est faire un coup d’Etat. Ni oui, ni non. Supposer que le maréchal puisse faire un coup d’Etat, c’est l’insulter ; prétendre qu’il ne le fera point, c’est rentrer dans le dilemme interdit. Je n’ai jamais vu de jeu plus difficile à jouer. 11 en est de même de monsieur, madame ou mademoiselle. Le gouvernement ne veut être appelé ni monsieur l’Émpire, ni madame la Monarchie, ni mademoiselle la République. Si on l’appelle monsieur l’Empire, on l’outrage ; si on l’appelle madame la Monarchie, on l’insulte; si on l’appelle mademoiselle la République, on le calomnie. De toute façon, il faut payer un gage, c’est-à-dire aller en prison. Qu’est-ce que c’est que quelqu’un qui. n’est ni monsieur, ni madame, ni mademoiselle ? Je ne vois que les gardiens du sérail, pour qui l’on doive trouver une dénomination différente ; encore les appelle-t-on monsieur, par politesse. Cette politesse même nous est interdite; et les règles du jeu nous commandent d’être malhonnêtes. Quel drôle de jeu ! On se demande quand finira la par-, lie, et s’il n’y a pas assez de gages donnés. Voilà le moment de les tirer et de faire les pénitences. C’est, on le sait, ce qu’il y a de plus amusant dans les jeux innocents. Les trois cent soixantetrois vont avoir à choisir entre le Boiser à la Religieuse, le Bd'ser à la Turquoise ou le Pont d’amour. M. Dupauloup fera volontiers le Portier du courent, et le Dessous du chandelier sera le triomphe de M. de Fourtou. « Mon Dieu ! doivent se dire les étrangers, que cette nation française est donc gaie ! On la croit en proie aux amertumes et aux réflexions sinistres; on lui a pris deux provinces, on lui a fait suer des milliards; on a versé le plus pur de son sang et volé le plus clair de son revenu; on se l'imagine en...
À propos
Le Réveil est un journal à tendance radicale, lancée en octobre 1877 par Valentin Simond, créateur de plusieurs auteurs publications de la même mouvance politique parmi lesquels se trouvent Le Peuple et La Marseillaise. C’est d’ailleurs cette dernière que reçoivent les abonnés du Réveil entre mars 1878 et janvier 1880, lorsque des difficultés financières compliquent la publication de leur journal. Ces difficultés furent constantes pendant toute l’existence de la publication, qui a été contrainte de modifier ses modalités d’édition à plusieurs reprises.
En savoir plus Données de classification - de fourtou
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