Extrait du journal

SAE'NE DE VILLEMANE. La Provence n’a pas toujours île ces doux hivers, durant lesquels les amandiers verdissent, étalant sur les collines la neige de leurs fleurs, au luu de cette neige de frimas qui couvre les pays du nord. Dans cette partie de la France, trop souvent vantée, ét dont le ciel ni le sol ne valent leur réputation, il y a de rudes hivers, des froids dévastateurs que le mistral rend plus pénétrants et plus aigus; parfois l'hiver semble se venger de sa mansuétude ordinaire, et, comme un homme habituellement doux et calme, devient terrible quand il se met en colère. Ainsi quand l’hiver se déchaîne sous ce ciel si bu, si transparent , où le soleil bride par les plus grands froids, il agit avec une violence inattendue. U ne s’assombrit point. ne s’enveloppe j pas de brouillards, ne se fond pas en pluie, comme les hivers du nord ; il s'avance splendide et radieux , armé d’un beau soleil qui Se mire dans les neiges et les glaces dures comme du fer, et qui semble , au lieu de tes amollir, les durcir encore sous ses bavons, car le ciel souffle sur la terre des bises sèches et mordantes qui condensent les gelées1; alors le sol est brûlé par ce froid dévastateur, comme par un incendie; les feuilles d'orangers se tordent et jonchent la terre; la sève des oliviers se tarit, et chaque rameau se noircit et de dessèche comme au toucher des flammes; les herbes jaunissent et meurent, et à peine le poux vivace résiste-t-il à ces atteintes foudroyantes....