Extrait du journal

Cette question en détermine aussitôt une autre:Existe-t-il un idéal, c’est-à-dire la conception d’un meilleur devenir pour les sociétés et surtout les individus? La majorité des êtres humains,accoutumés à l’esclavage social, se trouvent fort bien de cet état ou n’ont pas le courage de briser le lien qui les enserre. Les uns, privilégiés de l’injustice, jouissent en paix de ses faveurs et s’indignent à la pensée d’un changement; les autres, animaux d’habitude, passent en troupeau, les yeux fixés à terre, travaillent, se repaissent et perpétuent l’espèce, passivement. Une troisième espèce d’hommes, sentant le poids de la servitude et la gêne des privations, incline aux simagrées de changements, aux simagrées de révolutions, aux perturbations de régime pour recommencer le même bagne sous d’autres formes, sous des noms différents. A ces citoyens effervescents plaisent les manifestations tumultueuses de l'opinion, les jeux de la politique, les renversements de ministères, la parole sonore des orateurs, les disputes électoral! s, les héros populaires. 1 s clameurs furieuses contre la réaction. Aucun d'entre eux ne saurait concevoirqu’il n’est pas de compromis possible entre l’ordre nouveau et la société tyrannique issue de l’état de propriété avec ses représentations, telles que la famille, les législations, les corvées publiques, les haines nationales....