Extrait du journal

A Lyon, S'-Elienne, Marseille, dans toutes les villes d’industrie et de commerce, le chômage se fait sentir plus intense que jamais, de l’état aigu la crise devient chronique, des miniers de travailleurs, à tour de rôle, se croisent les bras, se serrent le ventre, attendant que messieurs les gouvernants veuillent s’occuper d’eux, que les capitalistes leur fassent l’agréable concession d’accepter leurs services, d’exploiter leur force de travail, d’en tirer des bénéfices et des rentes, en les volant sur le fruit de leur travail. Mais le gouvernement est occupé à faire massacrer de pauvres diables en Chine pour y préparer quelques tripotages financiers, — à leur façon, ils travaillent à faire diminuer la crise, en se débarrassant du trop-plein de travailleurs, — les capitalistes ont leurs magasins encombrés de produits, dans leurs ateliers les machines ronflent et produisent beaucoup plus de bénéfices que ne pourraient en donner les ouvriers — machines de chair. — Ces maîtres de nos destinées n’ont donc pas le temps de s’occuper des travailleurs, que ceux-ci aillent au diable, qu’ils crèvent dans un coin, sans faire trop de bruit et ne viennent pas troubler la digestion des repus, on ne peut rien faire pour eux et le maire les envoie au préfet qui les envoie au ministre qui lui les envoie se faire... berner ailleurs, et les travailleurs le ventre creux, hébétés, abrutis, servent bénévolement de volant à ce jeu de raquette, attendant pagemment qu’il tombe quelques miettes de la table de leurs exploiteurs. Que l’homme est donc bute !...