Extrait du journal

(Suite) C est autrui des batteuses à vapeur que le spectacle est le plus terrible, car à la fatigue du labeur se joint pour les paysans un véritable danger physiologique. Les gerbes de blé qu'ils jettent incessamment dans la machine dégagent en effet une poussière terrible qui formé sur un rayon de 40 ou 50 mètres une nuée blanchâtre, dense comme une trombe de simoun. Les travailleurs sont complètement enveloppés par ce nuage opaque que le vent même ne peut empêcher de se former. Et parmi ces batteurs de blé, il y a de toutes jeunes filles ; j’y ai vu même des enfants. Tous restent des journées entières dans cette horrible atmosphère, et le travail dure chaque année un mois et demie ou deux mois. On se demande comment ils ne sont pas asphyxiés par les millions de particules minérales et végétales qui leur emplissent les bronches ; la plupart d'entre eux deviennent du reste rapidement phtisiques; on est obligé au bout de quelques années de les remplacer....