Extrait du journal

La situation de I Inde n’a pas produit en Angleterre 1 impression à laquelle s'attendaient peut-être les adversaires de la grande nation libérale de l'Europe. Nos alliés paraissent plus irrités que consternés de ce qui se pas*e dans leurs possessions asiatiques. Nulle part, le découragement ne se manifeste , malgré le caractère de plus en plus désastreux des nouvelles apportées par chaque courrier , et la perspective des événements déplorables qui peuvent se dérouler entore avant que la révolte, ainsi que le dit le discours de la reine , puisse être combattue et domptée. Les Anglais comprennent que le moment est venu ou jamais de faire contre mauvaise fortune bon cœur ; ils ne se dissimulent pas sans doute que la crise qu iis traversent peut s aggraver encore de toutes sortes de complications politiques ; mais leur attitude est des plus fermes en face des périls connus et inconnus dont ils sont menacés et celte énergie, qui n'est pas jouée, est, il faut en convenir, à elle seule une chance de succès. Comme on demandait dernièrement à lord Valmerston , si en dépit des événements de l’Inde, Je parlement prendrait ses vacances, il a répondu : « L'Angleterre n'est pas assez malade pour garder la chambre.» Ce mot facétieux exprime à la fois les sentiments du ministre et les dispositions morales du pays. quant aux membres de la chambre des lords et de la chambre des communes , ils ne voudraient pas faire aux cobayes révoltés I honneur de leur sacrifier le plaisir d aller à la chasse aux jeunes perdrix , aussi se sont-ils décidés , d un commun accord, à ajourner les affaires sérieuses. Ce sang-froid , véritablement britannique , n'est pas le côté le mina curieux de la situation , chez nos voisins. C est toujours un spectacle intéressant au plus haut point, de voir une nation puissante ne pas démentir son caractère traditionnel tout en se montrant supérieure à ses revers....