Extrait du journal

MARSEILLE. Comme on pouvait s’y attendre , les relations entre les cabinets de Turin ride Naples sont devenues très difficiles , depuis les dernières tentatives d’insurrection italienne. La saisie du vapeur le Cayliari , et I emprisonnement des officiera et des passagers piémontais qui se trouvaient à bord ont donné lieu à un échange de notes diplomatiques , qui pourrait bien se terminer par une rupture. Le fait est que le gouvernement napolitain a répondu avec une aigreur marquée aux réclamations du gouvernement sarde en faveur de ses nationaux. Il est même allé fort loin en reprochant indirectement au cabinet de Iurin de n avoir pas fait tout ce qu’il aurait pu faire pour em pécher les événements qui ont troublé I Italie. Aussi, M. de Cavour s est-il montré si vivement blessé de ces insinuations, qu il a fait rendre la note qui les contenait , à son auteur , M. Caraffa , ministre des affaires étrangères de Naples , sans daigner y répondre. L’objet principal de la discuss’oto , la saisie du Cayliari et l’emprisonnement des passagers piémontais, n’est pas de nature à faire pencher, dans I appréciation de cette affaire , la sympathie de opinion publique du côté de Naples. Tout le monde sait , en effet, que les officiers de ce navire n ont fait que céder à la violence en changeant leur route ordinaire pour se rendre dans les eaux de la Calabre , et il semblait qu il ne devait pas y avoir deux sentiments à cet égard. Le roi de Naples qui a interrogé luirive l’infortuné capitaine du bâtiment sarde , n’a pu qu être convaincu de son innocence et de sa loyauté. S. M. sicilienne sachant aussi bien que les membres de son conseil, à quoi s’en tenir sur ce sujet, eût été bien inspirée en se montrant facile à l'égard des réclamations du gouvernement sarde. On lui eût su gré de se montrer modérée et généreuse dans cette affaire , tandis que la rancune quelle semble manifester, ne lui conciliera la bienveillance de personne et ne rendra pas plus acceptables les accusations de ses ministres essayant d établir une solidarité impossible entre le gouvernement sarde et les compagnons de Pisacane....