Extrait du journal

L'année 1863 peuvait donner à la liberté et à la justice le plus grand triomphe qu'elles pussent attendre. Elle pouvait jeter en Polo gne un drapeau libérateur quelconque au tour duquel se serait groupée la résistance : elle pouvait être unç année marquée en tre toutes du sceau de l'éclat : elle n'a pas eu la résolution nécessaire, et elle n'aura dans la série des années qu'une place ordi naire. Ne méprisons pas ses bienfaits cependant. Si elle n'a pas vu le triomphe de la Pologne, elle a vu au moins son commencement; si aujourd'hui cette cause n'a pas encore rem porté une victoire armée, elle a-la victoire morale, la victoire la plus incontestable de toutes. Nous autres Français nous avons d'ailleurs des remercîmens particuliers à adresser à cette année qui s'en va obscurément, quand elle pouvait être si resplendissante. 1863 a assisté à l'un des plus beaux mouvemens électoraux qu'ait vus encore le suffrage uni versel. L'opposition, la démocratie ont eu la victoire à Paris, à Lyon, à Marseille ; elles l'ont disputée dans d'autres grands centres, et il est, permis de croire que si les abus d'influences qui ont été révélés par la vérifi cation des pouvoirs n'avaient pas eu lieu, la victoire des opinions que nous défendons aurait été encore plus complète. Maintenant, que nous donnera 1864? Avons-nous besoin de dire ce que nous lui souhaitons î N'est-ce pas d'abord qu'elle «oit plus résolue que 1863, qu'elle n'attende pas à se mettre en mesure de lutter pour la cause des peuples t Les jours sont rapides qui vont nous mener au printemps. Et quand l'Allemagne entière s'agite, quand le Dane mark, la Suède prennent les armes ; quand la Hongrie s'émeut de nouveau, quand l'Ita lie jette encore un douloureux regard sur la vénétie, la France seule peut-elle s'enfermer dans l'égoïsme

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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