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Le Siècle, 1 juillet 1870

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Le Siècle
1 juillet 1870


Extrait du journal

CORPS LÉGISLATIF. DISCUSSION GÉNÉRALE SUR LE CONTINGENT MILITAIRE. Le corps législatif, depuis l'ouverture de la session, a vu bien des séances animées et tumultueuses. Celle d'aujourd'hui a dé passé les proportions ordinaires. C'est à sept heures et demie seulement qu'elle a été terminée, plutôt par la force des choses que par une résolution quelconque. Elle avait pourtant commencé avec cal me aux doux murmures des réclamations de M. le comte de la Tour, qui ne trouve pas le contingent assez fort, et qui veut que nous empruntions au système prus sien de quoi le fortifier. Mais un discours de M. Garnier-Pagès, plein de chiffres et de faits, accentue bien tôt le débat. L'honorable orateur montre que nous faisons beaucoup de sacrifices ; nos dépenses de guerre, vont au delà de 600 millions, et nous n'obtenons pas avec ces chiffres les résultats qu'obtiennent d'au tres nations avec moins d'argent. M. GarnierPagès veut la réforme de la loi de 1867 ; il demande que tous les Français passent sous les drapeaux, mais en il 'y restant que le temps suffisant pour devenir de bons soldats ; il fait roir que seuls en Europe nous avons pour le moment des préoccupations mili taires exclusives. Partout on réduit les dé penses et les contingents, en Angleterre, en Russie, en Autriche. Malgré l'énergie de certains passages du discours de M. Garnier-Pagès, le calme se maintient, et rien n'annonce encore l'o rage. Une réponse de M. le ministre de la guerre est même très-favorablement ac cueillie. Il déclare qu'il a réduit à 90,000 hommes le contingent, que c'est déjà beau coup ; que cette diminution était une sorte d'invite au désarmement des autres puis sances, mais que l'on, n'a pas imité la France. Il explique que 170,000 soldats fré quentent les écoles régimentaires, et ob tient, par une série d'anecdotes, la faveur de la chambre. La cause du contingent semblait donc gagnée quand, apTès une réplique de M. Ernest Picard au maréchal ministre de la guerre et un discours de M. de Benoist, M. Thiers demande la parole. M. Thiers a de graves craintes. Il trouve l'état de l'Europe menaçant. Il conjure la chambre de ne pas toucher à notre organi sation militaire et de ne pas diminuer le nombre des hommes appelés. Si on l'écoutait, on reviendrait à la loi de 1831, et il déclare à l'opposition que, d'accord avec elle sur beaucoup de questions, il sera in traitable sur la question militaire. Il faut être prêt. Il faut garder la paix, et, pour l'assurer, il n'y a qu'un moyen, c'est d'être fort. Selon lui, nous ne le sommes pas assez, et à pein8 si, avec quatre cent mille hommes sous les armes en ce moment, aous pourrions passer du pied de paix au pied de guerre....

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Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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