Extrait du journal
payable en cinq ans, au profit des anciens colons de Saint-Domingue. Sur cette somme, 50 millions ont été comptés aux colons, au moyen d'un em prunt, et répartis au marc le franc, suivant le mode prescrit par la loi de 1826. Haïti était évidemment de bonne foi dans ses promesses ; mais les espérances que son gouvernement avait fondées sur la reconnaissance de son indépendance par l'ancienne métropole ne se réalisèrent, pas."Il fallut donc que la France accordât d'autres et plus douces conditiçns à|la jeune république noire. Le 15 février .1858, un nouveau traité'fut signé par lequel Haïti obtint une réduction de moitié^ sur lçs l^m9iïonsi&tâut, k payqrJÏ hri fut dei pipe -.accordé,de.se libérer 'par trente annuités; de 2 millions chacune ii la moyenne. C'est là répartition de ces annuités que la loi discutée aujourd'hui par la chambre a pour objet de régler. Les adversaires de la loi ne prétendent pas que le règlement présenté par le gouvernement soit mauvais, mais ils demandent que le gouvernement se porte caution delà dette d'Haïti. Ils le demandent au nom de la justice, de la politique, et, au besoin, au nom d'une grande et sainte commiséra tion publique. La position des anciens co'ons de Saint-Domingue est assurément, digne d'intérêt ; mais la France n'a-t-elle pas fait pour eux tout ce que lui commandaient la justice et le soin de sa propre dignité ? Nous ne dirons pas aux coloris : Si vos esclaves se sont révoltés et vous ont chassés, c'est votre faute ; non, cette catastrophe ne doit être reprochée à personne. L'esclavage était vieux comme le monde ; là métropole et le3 colonies ont pu croire à la justice d'un établissement ayant pour base la propriété de l'homme par l'homme. Personne plus que nous assurément n'eût souhaité que cette erreur fût reconnue et réparée d'une manière pacifique. Une transaction eût été également profitable à la race noire et à la race blanche. Le sort a prononcé, et les anciens colons de Saint-Domingue ne peuvent dire que la mère-patrie ait souscrit trop promptement à cet ar rêt. L'expédition de 1801 prouve que la France n'a cédé qu'après avoir noblement tenté de rétablir par les armes son droit de souveraineté. Les colons disent au gouvernement : « Vous avez traité de nous et sans nous ; le moins que nous puissions vous demander, c'est d'être caution de la faible indemnité obtenue en échange de nos riches propriétés. » Ce système, soutenu d'abord devant la chambre des pairs, où il a échoué, re pose sur une complète pétition de principes. Le gouvernement français n'a point traité au nom ni pour le compte, même indirect, des colons. La France a traité comme état avec un état nouveau que la victoire avait fait. Elle a reconnu l'indépendance d'Haïti comme l'Angleterre a reconnu celle dès-Etats-Unis, l'Espagne celle de l'Amérique du Sud, la Turquie celle de la Grèce, pour faire succéder à des relations violentes des relations de paix, d'amitié, de civilisation. ' ■ Voilà, la cause déterminante du traité. L'indemnité stipulée en faveur des anciens colons n'est qu'un témoignage d'intérêt donné par la France à quelques-uns de ses enfans dont ,1e droit avait péri avec le sien. On nei pouvait, en çfFet, reconnaître la nation- haïtienne et lui dire en même temps qu'elle n'avait pas qualité pour exister, c'est-à-dire pour détruire l'esclavage et expulser les premiers conquérans du sol. Une transaction était seule possible. Le gouvernement l'a faite avec zè le, avec dignité ; mais il ne peut se reconnaître ni caution ni débiteur. Car enfin si1 la France est responsable, c'est que les colons avaient un droit particulier qui prime le droit souverain de la France. Et voyez les consé quences qui résulteraient de ce principe : la paix et la guerre, la fortune même du pays, seraient à la merci des citoyens qui iraient s'établir soit sur un territoire étranger, soit dans une colonie que la guerre peut nous enlever. Le revenu des propriétés aux colonies a toujours clairement in diqué qu'on les considère comme exposées à des chances que ne cou rent pas les propriétés métropolitaines. Ces chances sont venues pour Haïti, il faut les subir. La scrutin a donné 255 boules blanches et 13 boules noires....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
En savoir plus Données de classification - dubreuil
- water
- darcy
- temple
- dupont
- thiers
- brémond
- france
- haïti
- eure
- caroline
- turquie
- espagne
- naples
- angleterre
- grèce
- car enfin