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Le Siècle, 1 mai 1885

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Le Siècle
1 mai 1885


Extrait du journal

subordonnait déjà à cette vie mystérieuse â peine éclose dans son sein. —Est-ce possible! cria-t-elle. Tu n'inventes pas cette bonne nouvelle pour me rassurer? — Aussi vrai que l'amour que je porte déjà à notre enfant est vrai, ma Malka, mon père sait tout... Je ne comprends pas qui peut nous avoir trahis; mais tout se sait une fois... Enfin, mon père... Ah ! combien je m'en veux de l'avoir méconnu ! Il veut notre bonheur... il veut me voir dans une si tuation régulière... N'est-ce pas qu'il est bon? L'avenir de son enfant était assuré. Dans sa joie, Malka oubliait qu'elle aussi avait un père, et que la bénédiction de l'impie et malhonnête Gavrilo lui serait plus amère que toutes les malédictions de l'enfer. — Mais, Stetzia, s'écria-t-elle tout à coup, interrompant les douces rêveries du jeune homme, qui arrangeait d'avance leur vie, et disait déjà quels changements il ferait dans sa maison pour recevoir sa femme. Il se plaisait à répéter ces deux mots ma giques : « Ma femme ! » —Stetzia, continua la jeune fille, que dira mon père ? — Ton père ! répondit le jeune homme, oh ! je me charge de lui faire entendre rai son. C'est le meilleur des hommes, je ne vois pas pourquoi il s'appelle encore juif... Les hommes comme lui sont rares, même parmi nous. Mais tu le vois toi-même, il a des idées dont il faut absolument le guérir... des idées de l'autre monde... enfin, des to quades... Nous l'en ferons revenir. Quand il te verra, aimée et respectée par ton mari et ton beau-père, avec un bel enfant sur tes genoux, il y renoncera de lui-même, va... Je crois, d'ailleurs, que cela lui est bien égal, que ton mariage soit béni par le pope ou par le rabbin... Te rappelles-tu comme il se moquait toujours des rebbes et de leurs longs tire-bouchons? — Ces bons apôtres, qui prient Dieu et écorchent le paysan tout vif, — à ce qu'il dit. Ne m'a-t-il pas déclaré cent fois qu'il préfère un bon chrétien à un mauvais juif?... Elle l'écoutait avec ravissement, trop heu reuse de se laisser séduire par de si belles espérances. Quand Stetzia, à bout d'argu ments, les fit suivre des plus tendres pro testations, Malka ne douta pas un instant...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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