Extrait du journal
— Tu es allé il y a deux jours à Saint-Marc, où se trou vait Toussaint ; tu lui as, promis de livrer les marrons à ses soldats assassins. Est-ce vrai ? 4 Le nègre essaya de balbutier un nouveau démenti» mais la Capfesse, posant vivement une main sur sa bouche, lui imposa silence. — Retourne à ta place, dit-elle ; le Saint-Esprit t'a jugé. Les marrons s'étaient levés pour assaillir le coupable; lorsque la Rémédios leur cria : — Laissez-le, laissez-le: il est mort! ' Jacob passa en trébuchant devant le brasier ; là, il s'ar rêta vacillant sur ses jambes, puis il étendit sës bras, poussa un cri, et sa tête se penchant en arrière, il tomba à la renverse, se tordit en convulsions précipitées et ne bougea plus. — Regardez-le, s'écria la Capresse avec mépris, et que ceur qui doutaient de ma puissance soient convaincus. — Tiens, tiens! grommela Martial, c'est donc pour de bon tout ça... Excusez! Jacob était mort empoisonné: la Rémédios avait posé sur ses lèvres et lui avait fait respirer un de ces poisons violens dont elle avait le secret. — Vous le voyez, dit-elle, rien ne m'échappe, je sais tout, et je viens de vous délivrer d'un traître ; jetez son corps dans le feu et qu'il n'en soit plus question. Le cadavre fut lancé dans le boucan, qui pétilla.Alors la Capresse courut au milieu du cercle. — Je vous ai promis une grande, une. bonne nouvelle, je vais vous, la donner. Bientôt les blancs de la France viendront en foule, et la guerre s'allumera de tous côtés. Il faut que vous frappiez sans pitié ces brigands; nul d'entre eux ne doit revoir son pays. Les .marrons tirèrent leurs couteaux et brandirent leurs fusils. — Mais, reprit la Capresse, tout en faisant justice de ces visages pâles, vous devez bénir le Saint-Esprit qui vous les envoie pour vous aider à détruire tous vos ennemis. Les Français vont attaquer Toussaint, ses généraux-, ses Sol dats et les lâches de votre couleur qui ont accepté le tra vail, comme au temps où ils étaient esclaves. La guerre fera tomber des milliers d'hommes, et ces hommes/ quel que soit leur parti, ne sont pas, ne seront jamais avec vous. Qu'aurez-vous donc à faire pendant la lutte ? Vous devrez vous tenir à l'écart, et abattre à coups de couteau, à coups de fusil, tout ce qui n'est pas nègre marron." Un rire féroce accueillit ces paroles; l'auditoire entier trépigna d'enthousiasme. — Voilà ce que vous ferez, jusqu'à ce qu'un homme, jugeant le moment favorable, se montre à vous en disant : Je suis le chef. Cet homme vous réunira» écrasera vas -en nemis affaiblis, et vous partagera les biens de la ierre. ■ i — Et .qwel'.sqra.ce chel?' demanda une voix. ' '...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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