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Le Siècle, 2 février 1872

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Le Siècle
2 février 1872


Extrait du journal

Ce billet, comme la lettre envoyée précé demment à Edmond, était sans signature. Cependant il témoignait, dans son laconisme insignifiant pour un étranger, que son auteur connaissait le scandale qui avait si cruelle ment pesé sur la famille Surville, et dont elle souffrait encore comme d'une blessure mal cicatrisée. La blessure allait-elle être ravivée ? Evidemment le billet avait été écrit dans un but de malveillance inexpliqué, mais re doutable. M. Survillé, laissant sa femme et les jeunes mariés aux joies d'un mariage qui comblait lours désirs, se rendit au domicile indiqué dans le billet et se fit annoncer. Au nom de Surville, M. Delorme crut à une visite d'Ed mond; il ordonna de l'introduire dans son salon, où il se rendit lui-même. Les deux hommes, entrant par des portes différentes, se rencontrèrent face à face. A la vue de M. Surville, M. Delorme parut éprouver une commotion ; son regard se troubla, son visage pâlit. M. Surville était froid, roide comme une statue qui marche rait,—la statue du Commandeur. Après une minute de silence, — une mi nute de la durée d'un siècle, — consacrée à l'échange des regards et à l'examen des per sonnes, M. Surville dit en s'inclinant avec une politesse glaciale : — Vous êtes bien M. Delorme ? M. Delorme fit un signe de tête affirmatif ; la parole semblait expirer sur ses lôvres. Il invita du geste le visiteur à s'asseoir et prit luirmême un siège. — Monsieur, dit M. Surville, d'une voix dont il maîtrisait l'émotion, permettez-moi de vous rappeler quelques souvenirs. Il y a vingt-cinq ans environ, vivait à Pa ris un capitaine retraité, nommé Dubos, homme d'honneur s'il en fut, brave et gé néreux. Dubos possédait une fille sur qui re posait son bonheur ; il l'aimait comme on aime sa fi lié, c'est-à-dire autant qu'un cœur puisse aimer. Valentine se montrait digne de cet amour et le lui rendait. Le capitaine était âgé, il souffrait d'anciennes blessures. Valentine le veillait, le soignait, l'égayait, dirigeait ses affaires; elle était son eonslïlj sa joie et son orgueil. Affable à tous et...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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