Extrait du journal

La chambre des députés a adopté hier la proposition de loi portant création d'une caisse d'épargne postale et la pro position relative à [l'abrogation des dé crets du 29 décembre 1851 sur les cafés et débits de boissons. Elle a ensuite re pris la discussion du projet de loi sur la marine marchande ; enfin elle a adopté un projet de loi tendant à augmenter le nombre des décorations à l'occasion de la fête nationale du 14 juillet. . Au sénat, la loi sur les patentes a été adoptée au scrutin par 238 voix; on a commencé la première délibération du projet de loi relatif à la restauration et à la conservation des terrains en montagne. Enfin, voilà les j ésuites dispersés, leurs maisons fermées, en attendant le tour de leurs'établissements d'instruction, dans deux mois. A Paris, comme dans les dé partements, tout s'est passé dans le plus grand ordre. Le petit essai de manifestatibn tumultueuse tenté rue de Sèvres par les amis des révérends pères demeure isolé dans cette journée désormais histo rique. La France n'a pas consenti à voir dans les jésuites des citoyens persécutés; la mise eh. scène mélodramatique imagi née pour la circonstance en. faveur de ees faux martyrs éveille d'un bout à l'au tre du pays un sentiment de douce gaieté. Et cette gaieté redouble à la lecture, des pathétiques adieux qu'adressent aux en fants de Loyola le Gaulois, le Figaro, le Pans-Journal, toutes feuilles dont la piété est connue : « Oui, jésuites, s'écrient les bons apôtres, nous saluons en vous les représentants du droit, de la justice, de la liberté Allons, tant mieux! Voilà des compliments qu'oet n'avait adressés aux jésuites ni sous Charles X, ni sous' Louis-Philippe; mais nous avons fait des progrès. . L'indignation des journaux religieux proprement dits s'exhale dans ces mots pleins de douceur évangélique : Critne ! attentat ! iniquité ! Ce n'est pas dans les violences exercées contre les pères que cette mansuétude chrétienne a sa source, puisqu'il n'y a pas eu de violences; c'est dans l'indifférence de la population à l'égard des prétendus martyrs, c'est dans l'approbation énergique des mesures prises par le gouvernement. Voilà trois mois que les cléricaux travaillaient par la plume et par la parole à soulever le pays pour les jésuites; l'heure de l'exécu tion des décrets venue, rien n'a bougé; ils attendaient des légions de défenseurs/ils se sont trouvés une poignée d'agités au milieu d'un peuple parfaitement tran quille. La montagne cléricale a acouché d'une souris. L'exaspération du parti...