Extrait du journal
sitivement.— Enfin, c'est un. beau garçon.— Il le croit trop lui même; c'est un fat. » • Il se présenta au collège en. vainqueur, ne s'imaginant pas que cette belle fille, pour la quelle il se dérangeait, pût avoir des yeux pour ne pas le voir, et.ne se disant pas que ces yeux ne devaient que pleurer. Au moins cette suffisance eut cela de bon qu'elle lui inspira une" patience pour tout ^coûter et une complaisance pour tout exa miner, qu'il n'eût assurément point eues pour une pauvre orpheline louche ou bos sue. Hélène n'en avait jamais assez dit, et au lieu de s'impatienter des explications confu ses qu'elles lui donnait; il les lui faisait Ionguement répéter. —Certainement, mademoiselle. A la vérité, il était surpris que ces beaux yeux dans lesquels il plongeait les siens eussent si peu d'expression et parussent si éteints ; mais au moins la musique de sa voix était un charme; charmantes aussi étaient ses lèvres et les mèches de sa blonde chevelure se détachant sur ses vêtements de deuil, admirable était le profil droit de son visage, merveilleux de pureté était le con tour de sa tête ; et les épaules; et le cor sage, et la taille, et les mains, et les pieds 1 Il serait resté toute la journée à l'écouter, à condition de pouvoir la regarder. Elle était touchée de cette patience à l'é couter, de cette complaisance à se mettre à sa disposition ; mais en même temps elle était gênée aussi de cette persis tance à la regarder. Ne pouvait-il pas l'écou ter, ne pouvait-il pas lui parler sans tenir ainsi ses yeux attachés sur elle,? Tout d'a bord absorbée par ses pensées, en proie à son angoisse, abîmée dans sa douleur, elle n'avait point fait attention à la fixité de ce regard qui ne la quittait pas ; mais peu à peu elle s'était troublée, sans qu'elle com prît pourquoi un sentiment de malaise l'avait envahie, de confusion, de honte ; ces yeux qu'elle rencontrait sans cesse posés sur elle, tantôt sur ses cheveux, tantôt sur sa bou che, tantôt sur son corsage, la paralysaient; elle eût voulu pouvoir abaisser un voile sur son visage ou bien s'envelopper de la tête aux pieds dans un manteau ; pe n'était point ainsi qu'un honnête homme regardait...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
En savoir plus Données de classification - de girardin
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