PRÉCÉDENT

Le Siècle, 3 septembre 1853

SUIVANT

URL invalide

Le Siècle
3 septembre 1853


Extrait du journal

sa fille et, comme elle, regarda le vieux matelot, dont l'impassibilité l'épouvanta. : Frappant ses genoux de1 ses deux mains, l'amiral s'écria d'une voix troublée : — Smarth? 1 , — Maître? répondit le timonier avec douceur. —Va t'instruire de ce nouveau meurtre. Il faut me trou ver le coupable ; tu feras ensevelir ce malheureux, com me tous ceux à qui j'ai déjà porté malheur. Va, j'attendrai ici ton rapport. Smarth se leva avec calma et quitta le Triton. Dès qu'il eut touché terre, il se retourna et dit : — Il n'y a que Je bon Dieu, monsieur le comte, qui puisse deviner Satan ; je n'apprendrai rien. \ L'amiral voulut répondre ; mais, ne pouvant articuler un seul mot, il saisit la main de sa fille et la baisa. Une larme tomba sur cette main blanche et 1^ brûla. — Pauvre bon père, murmura Nancy, vous n'avez donc pas encore parlé à cet homme? — Et le courage, mon enfant, et le courage! — Et le crime,~mon père? Le comte se leva. — Où allez-vous? — Je ne sais, je ne puis rester en place; descendons à terre ; ce que je souffrdest affreux ! Nancy monta sur la passerelle; son père, appuyé sur sa main, la suivit et vint s'arrêter au pied d'un, latànier au quel était attaché l'un des bouts du hamac de sa fille. Les deux nègres de Nancy étaient assis dans l'herbe à quelques pas de là, et la Capresse, accroupie sur ses talons au bord de l'étang, jetait des cailloux dans l'eau d'un air distrait etindolent. _ L'amiral fit un geste que mademoiselle de Cardonne comprit aussitôt, car elle ordonna aux nègres de se retirer. La Rémédios se leva, raide comme un piquet, et vint à sa maîtresse, qui se jeta dans son hamac. Alors, la Capresse s'agenouilla, rassembla les plis de la robe de mousseline de Nancy, en couvrit les pieds do la jeune fille, qu'elle baisa et posa douillettement dans le hamac; puis, imprimant à cette couchette aérienne un branle cadencé, elle dit : — Faudra-t-il porter à mam'zelle sa collation? — Merci, ma bonne Médi, je goûterai à la maison. Ia Rémédios se retira en s'inclinant devant le comte. — Venez près de moi, tout près,"cher père, dit Nancy; asseyez-vous là, sur cette fougère, nous causerons à no tre aisé, et pas bien haut, car, ici, ce Sont les bois qui ont des oreilles. - Le comte se prêta de bonne grâce à la fantaisie de £à fille. ~ Nancy arrêta l'oscillatiop de son hamac en posant sur le gazon la poipte de ses pieds qui se perdirent dans les fleurs dont la terre était couverte ; pois, la gracieuse jeune...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

En savoir plus
Données de classification
  • renaudot
  • richelieu
  • de cardonne
  • bigot
  • watteau
  • de cardonrie
  • hozier
  • juillien
  • deval
  • st-germain
  • nancy
  • paris
  • strasbourg
  • france
  • orléans
  • montereau
  • marseille
  • versailles
  • herserange
  • londres
  • v. m.
  • l. g.
  • 3m
  • mm mm
  • c. g.
  • crédit foncier