Extrait du journal

.. . mmi. Paris, 3 octobre 1849. Nous ne sommes pas de ceux qui cherchent à effrayer le pays sur sa situation; nous avons accepté sincèrement, loyalement les faits accomplis -, et sans aucune arrière-pensée nous voulons faire marcher le pays avec nous dans la voie de l'avenir. Cette confiance dans les institutions nouvelles, neus la puisons dans cette ferme conviction que les hommes sont bien peu pour faire des révolutions ; les idées seules les font. Nous avons bien en tendu des hommes se vanter de faire des révolutions en un tour* de main; dans leur fol orgueil, il semblait qu'ils n'eussent qu'à parler pour changer la face de leur pays ; ils savent aujourd'hui, par leur propre et triste expérience, l'abîme immense qui sé pare une émeute d'une révolution. Aussi, quand ces grands événemens viennent changer la face d'un pays, nous croyons qu'il faut aller loin, bien loin dans le passé pour remonter à leur source. Au mois de février, tout y avait contribué : la politique intérieure, l'attitude du pouvoir vis-à-vis des peuples étrangers, la misère du peuple, la corrup tion des classes supérieures, mais surtout le déplorable système financier suivi par la monarchie de juillet, ssytènae qui ne pou vait aboutir qu'à une catastrophe ou financière ou politique. Nous n'avons échappé ni à l'une ni à l'autre. Et il y a des hommes assez insensés pour prétendre que ce n'est qu'en rassemblant ces débris qu'on peut reconstruire l'é difice de la grandeur et de la fortune de la France. Et parmi ces hommes nous voyons se distinguer par leur ardeur ceux qui ont le plus contribué à couvrir le sol de ces ruines. Etrange destinée des révolutions ! étrange aveuglement, ou plutôt étrange faiblesse d'esprit qui ne permet pas au milieu de la lutte, au milieu des m ailleurs qui en sont l'inévitable con séquence, de conserver inaltérable sa foi dans les principes qu'on a défendus toute sa vie, de marcher d'un pas ferme dans la voie du progrès, en laissant au temps le soin de cicatriser des plaies qu'il ne suffit pas de cacher pour les guérir ! Qui pourrait nier, en relisant l'histoire du passé, que de toutes les parties du système politique du gouvernement de juillet, la plas attaquée n'ait été la partie financière? Qui ne se rappelle les discours de M. Ihiers, de M. Garnier-Pagès, de M. Fould, de tant d'autres? Qui ne se rappelle les désastres de la Bourse, les scandales des concessions de chemins de fer ? Qui ne sait l'im prudente confiance des min. 'res en présence d'une dette flot tante toujours grossissant, toujours exigible? Qui n'a présente encore à la mémoire cette résistance opiniâtre de la royauté et de la chambre des pairs à la conversion des rentes 5 0\0 ? Eh bien, tous ces enseignemens sont perdus ! Quand il s'agit de reconstituer les finances de ce pays, de subvenir aux besoins du présent, de parer aux éventualités de l'avenir, on n'a qu'une pensée, revenir aux erremens du passé, reconstituer la dette flot tante, augmenter la dette consolidée, recommencer ce jeu puéril d'un amortissement qui n'amortit pas, avant tout et surtout jeter en pâture à l'agiotage quelques millions de titres, attirer les ca pitaux par l'appât des chances aléatoires et des fortunes faciles ; »êver l'établissement de la fortune publique sur la ruine et la démoralisation des masses, voilà toute la science financière de ce parti qui aspire à prendre le timon des affaires. M. Passy; malheureusement, n'a pas su résister complètement...