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Le Siècle, 5 février 1889

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Le Siècle
5 février 1889


Extrait du journal

« Conserver le bon comme le mauvais, le juste comme l'injuste ! Faire ce que nos pères ont fait pour ce simple motif au'ils l'ont fait! » tel est le fâcheux état qui s'appelle « le con servatisme. » Ainsi s'exprime un écrivain qui, depuis quelque temps, a entrepris de donner à ses amis des conseils utiles et de leur faire entendre des vérités cruelles, M. le marquis de Castellane : « J'aurais compris, ajoùte-t-il, que les conservateurs se disent préservateurs. Préserver les propriétés, préserver la retigion, préserver la famille. Mais conserver n'importe qui, n'importe quoi 1 Tout ce qui a cent ans d'existence pour le seul motif qu'il let a 1 A vouloir garder des inégalités criantes entre ceux qui sont assujettis à l'impôt, les conservateurs décrient la propriété, laissent avilir la valeur et le revenu, diminuent le nombre des propriétaires terriens au lieu de l'augmenter 1» Il est impossible de faire une critique plus vive et plus vraie de l'état d'esprit d'une no table partie de la bourgeoisie française. Il y a, de par le monde, un certain nombre de gens souvent hostiles à toute amélioration sociale ou économique, donnant leurs suffrages aux candidats conservateurs à cause de ces « préjugés de salon » dont M. Raoul Duval parlait naguère avec tant d'éloquence, sans pour cela être opposés de parti pris à la forme républi caine. Tout progrès est pour eux une chi mère, et leur aimable scepticisme se plaît à invoquer de temps à autre la mémoire des grands orateurs -parlementaires, dont ils ont d'ailleurs peu lu les discours. En général ils sont riches, grands propriétaires fonciers et protectionnistes endurcis. Pour eux, la Révolution française finit avec l'As semblée constituante ; la Législative ne compte pas et la Convention est résolument mise à l'index. M. Thiers, — qu'ils regrettent beaucoup, mais qu'ils ont autrefois soupçonné...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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