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Le Siècle, 5 juillet 1840

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Le Siècle
5 juillet 1840


Extrait du journal

s moins crUelle une autre fois, n'est-ce pas? Un mot de réponse, ou, mor» bleu ! je fais quelque coup de tête de ma façon !» — Et comme c'est écrit, mademoiselle! tenez! quelles joliés petites pattes de moUche ! J'ai eu un peu de peiné à lire ce billet, la première fois, roâis maintenant je le sais par cœur, vous pouvez le brùlèr. En parlant ainsi, elle tendit lé billet à Laure qui y porta les yeux et dit : ' .... •—Il n'y a pas de signature. — Non, mademoiselle ; il paraît que c'est le genre. , A cet instant, Laure, qui venait d'approcher le billet de la. flamme de la bougk;, tressaillit et poussa un léger cri. -Qu'est-cedonc? demanda Justine. — Ce billet..., balbutia Mlle de Saint-Komain avee une vive émotion ; ce billet, Justine, vous dites que c'est M. Charles qui vous l'a remis? ■ — Qui voulez-vous donc «que ce.soit? reprit naïvement Justine ; j'ai trouvé ce billet dans la poche de mon tablier le, soir du jour où ces mes sieurs se sont battus en duel. • ' k — Mais Justine, ma bonne Justine, aucun autre que M. Charles ne vous fait-il la cour ? Répondez-moi franchement. —Mademoiselle, écoutez, ne vous fâchez pas pour cela, parce que d'a bord vous êtes bien plus jolie que moi, et parce qu'ensuite c'était en plai santant. Et puis, cela ne tirait pas à conséquence, parce qu'il n'est pas militaire, lui. , — Expliquez-vous. , — Eh bien ! mademoiselle, M. le substitut,, comme 1 appelle madame, m'a rencontrée une fois dans le parc, lé lendemain de son arrivée, et il m'a embrassée. : ■ ' . . — Merci, Justine, merci de votre franchise ! . , . A la grande surprise de la jeune couturière, Laure était rayonnante en prononçant ces derniers mots,èt elle la baisa au front avec effusion, ce qui ne lui était jamais arrivé, biën qu'elle fût asséz familière avec elle; " 611 fi n clic s'écria ■ — Ma chère Justine, donnez-mo! mon coffret à. gants; au lieu d'un bil let, nous allons en brûler deux, car je veux suivre votre exemple; et, croyez-moi, oubliez mon cousin Charles. -, Moins d'une minute après, il ne restait plus des deux messages qu un souvenir dans le cœur des deux jeunes filles, mais il faut croire que ce souvenir n'était pas de même nature ; car l'une pleurait et l'autre avait presque le sourire sur les lèvres, lorsqu'à là fin elles se séparèrent. Laure essaya dé dormir, mais ce fut en vain. Lorsqu'il lui arrivait de s'assoupir un instant, mille rêves bizarres venaient l'assaillir, et toujours dans chacun de ces rêves elle revoyait le même personnage, Charles de •'Saiht-Romaiu, tantôt blessé, tantôt mourant,, et toujours le reproche à la bouche,- Elle voulait se justifier à ses yeux et il lui semblait qu une "forée surhumaine paralysât sa langue. Lasse, enfin _de lutter contre ces mille visions qui ne lui laissaient point de trêve, elle se leva et ouvrit sa fenêtre. C'était une de ces charmantes matinées, comme il y.en-a a la fin de l'été,alors que le soleil ne brûle plus les pelouses et les feuillages et qu'il se contente de les illuminer de ses plus doux rayons. Laure en res sentit un bien-être infini, et afin, de goûter plus complètement encore le...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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