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Le Siècle, 5 juillet 1841

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Le Siècle
5 juillet 1841


Extrait du journal

FRANCE. Paris. — 4 juillet. En signalant avec franchise les abus elles misères de notre temps, en tâchant de mettre soit le pouvoir, soit les partis sur là voie des améliorations et des réformes qui nous paraissent le plus désira bles, nous n'arrivons jamais à des conclusions désespérées. Le mo tif en est bien simple, et nous croyons l'avoir fait comprendre plusièurs fois : c'est que malgré nos justes griefs, malgré les symptô mes d'affaiblissement et d'atonie qui viennent trop souvent nous, alarmer, nous croyons encore que la France, par son organisation spciale et politique, marche à la tête des peuples civilisés; nous croyons qu'elle porte dans ses institutions le germe de tous les pro grès futurs ; nous croyons enfin qu'il y aurait folie à risquer ses conquêtes acquises, assurées désormais par le consentement de tous, dans un jeu téméraire où le sort de plusieurs générations pourrait être compromis. La volonté de la nation, qui doit être Conforme à l'intérêt de sa grandêur, est certainement méconnue par son gouvernement dans la direction des aMœs" extérieures mais ce gouvernement relève de la majorité légale, et le jour où celle-ci aura cessé d'être travaillée par les incertitudes qui énervent son action, le' fait bientôt sera d'accord avec le droit, et nous ne connaissons ni ruses ni résistances qui puissent l'empêcher de pré valoir. Nous avons de mauvaises lois, produits contradictoires de cinq ou six régimes différens, qui donnent dans beaucoup d'occasions des armés dangereuses à l'arbitraire et à l'injustice; mais la liberté et le droit commun sont le principe; les mauvaises lois ne sont qu'une déviation des règles qui devraient en garantir l'application constante, et les assemblées législatives ont le pouvoir de les réviser ou de les abolir. Ces assemblées elles-mêmes, qui représententlasouveraineté na tionale en exercice, ne sont pas constituées de manière à donner toutes les garanties de lumières, d'énergie, d'indépendance, que le pays peut réclamer : cela est vrai encore, et c'est là précisément le sujet des luttes persévérantes que soutient l'opposition ; mais les chambres, dans leur organisation actuelle, ne sont pas immuables; non-seulement les élémens qui entrent dans la composition des majorités accidentelles que nous voyons peuvent changer, mais l'institution elle-même est sujette aux changemens indiqués par la raison et l'expérience. Son cadre, jugé trop étroit, peut s'élargir ; ses bases, qui manquent de solidité, peuvent s'enfoncer plus pro fondément dans le sol. Si cette Yoie, si cette issue, n'avait pas été laissée à l'esprit de réforme pour modifier sans secousse l'état légal du pays à mesure qu'il s'éloigne de l'état réel, et qu'il est condamné par les mœurs ou par l'opinion, la constitution de 1830 serait es sentiellement vicieuse. Mais c'est par la majorité des chambres qu'on gouverne dans les conditions régulières du régime représen tatif; la chambre des députés, en possession de la .force lorsque la nation est derrière elle, de l'initiative que la victoire du peuple lui a restituée, du droit souverain qui résulte de son mandat et qui a sa consécration dans le vote de l'impôt, la chambre des députés pou vant suivre dans le renouvellement, non-seulement, de ses mem bres, mais dé ses formes "constitutives^ le progrès constaté des es prits, il n'y a point d'abus qui ne puissent disparaître, point de lois qui ne puissent être réformées, point de système politique qui ne puisse être à la fin renversé par le vœu de la majorité nationale. Les grands faits que nous venons,d'établir, avec la rénovation complète de la société civile fondée aujourd'hui sur la ruine des anciens privilèges et sur le principe de l'égalité des droits, tels sont le§ résultats impérissables de la révolution française. Ceux qui les acceptent comme bons, comme nécessaires, tout en mau dissant la révolution, sont des aveugles ou des ingrats, chez qui la prévention ou des excès passagers, nés de l'ignorance, de l'ardeur...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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