Extrait du journal

On parle beaucoup à notre époque de solidarité. On a raison. Une civilisation est d'autant plus en progrès que la fra ternité humaine est moins combattue par les lois et mieux réalisée par les mœurs. Mais il n'y a pas que la solida rité entre les hommes; il y a aussi la solidarité entre les choses. Celle-ci, pour être moins voulue quelquefois, même le plus souvent, n'en est pas moins réelle; elle est plus puissante que la première et produit des effets considérables contre notre désir et notre volonté. Ces réflexions nous sont suggérées par le spectacle qui se passe sous nos yeux en ce moment. En même temps que la Chambre discute le droit de douane sur le maïs, le gouvernement se prépare à réglementer le travail des adultes. La proposition de loi en discussion et le projetdeloi annoncé ont entre eux une solidarité, un lien logique facile à constater. Ils répondent à deux pré occupations du même ordre. Le Parle ment et le ministère semblent poussés par une même intention : donner sa tisfaction, par le plus grand bénéfice de leur popularité, à ce qu'ils considèrent comme l'expression raisonnable et raisonnée de l'opinion publique. Tandis que certains patrons deman dent à être protégés dans leur richesse, certains ouvriers demandent à être protégés dans leur travail. Les pre miers veulent que le gouvernement leur facilite la lutte pour la vie en ré duisant la concurrence; les seconds...