Extrait du journal

dunette, murmurait quelques mots à voix basse, et reprenait sa promenade monotone. Vers onze heures, au moment où tout était silencieux sur le navire, une forme blanche parut au pied du mât de misaine. . < C'était Jeanne. Lyonnel s'empressa de s'approcher d'elle. — Mademoiselle, dit-il respectueusement, je vous remercie du fond du creur d'avoir compris que je désirais ardemment vous parler. — Monsieur, répondit Jeanh» d'un air em barrassé, j'ai pense que vous n'aviez pas voulu me remettre mon mouchoir devant mon père dans la crainte de me faire gronder par lui. Puis elle ajouta timidement : — J'ai eu tort peut-être de venir vous ré clamer ce mouchoir ; mais je tenais 5 vous faire de vifs reproches sur votre imprudence. On n'expose pas ainsi sa rie pour un futile mo tif. Quoi! monsieur, la brise emporte à la mer un petit morceau d'étoffe, eVvous risquez de vous noyer pour rattraper un objet d'aussi mince valeur t — Mademoiselle, dit gravement le corsaire en arrêtant son regard sur celui de la jeune fille, vous devinez sans doute que si ce léger chiffon ne vous tût pas appartenu, je ne serais pas allé le chercher'là où il était. Jeanne ne répondit pas, mais elle baisîa la tête et parut confuse. — Mademoiselle, continua Lyonnol, je me suis embarqué sur ce bâtiment avec la ferme volonté de vous suivre jusqu'au moment où j'aurais accompli pour vous et devant vous un acte qui serait une preuvo irrécusable de mon amour. . Jeanne, adossée au mât, frémissait légère ment; elle tenait toujours sa tête penchée sur sa poitrine; elle éprouvait une vive émotion et écoutait en silence. Lyonnel reprit : — Je suis pauvre à celte heure ; votre père, je le sais, ne m'accorderait pas votre main ; mais si j'avais la moindre espérance de vous plaire et d'être agréé par Vous, avant un an je serais riche. Mon passé répond do l'avenir : il est tombé assez d'or de mes mains prodigues pour payer va empire; certes vous valez da vantage ; mais je tâcherai, outre une fortune, de vous apporter de k gloire en échango do...