Extrait du journal
entre la vie. et la mort, entre leur château ét leur tombe. J'ai pour voisin un de ces nobles personna ges, un marquis, qui n'est pas sorti de chez lui depuis la fin du règne de Charles X. Non-seulemont il ne veut voir personne, mais , encore il exige que personne ne le voie. Aussi a-t-il ache té,partout où cela lui a été possible, autour de sa propriété, accessible seulement du côté de la rue, plusieurs milliers de mètres de terrain, dans le seul but de se dérober à tout regard in discret. On cite un spéculateur très adroit qui, con naissant les mœurs peu sociables du marquis, imagina d'acheter un petit champ de 250 fr. sur la lisière de la propriété du noble misanthrope. Son but était d'établir sur ce carré de terrain une sorte d'observatoire où, à l'aide de longues lunettes perfectionnées, grossissant les objets de einq à six cents fois, il pouvait plonger à son aise dans L'impénétrable jardin du marquis, et le contempler dans ses promenades solitaires, cinq ou six cents fois plus gros que nature. Il ne fit, comme bien on pense, mystère de ses intentions à personne, et un beau jour dix maçons commencèrent l'érection de la tour de l'observatoire. Le lendemain, le spéculateur recevait, par les soins du notaire du marquis, 10,000 fr. pour souterrain, à la seule condition d'aller plus loin porter sa bâtisse indiscrète. Je possède dans la maisonnette que j'habite en ce moment à Asnières une lucarne, d'où il n'est pas impossible en grimpanrsur une chaise d'apercevoir l'ombre du marquis quand il tra verse un certain endroit de sa propriété. J'aj fait part de cette découverte à tout le monde, et j'at tends chaque jour la visite du notaire qui a traité avec l'homme à l'observatoire. Mais j'ai bien envie de demander 15,000 fr. pour ma lu came. Ce n'est pas, il me semble, aux riches propriétaires à se plaindre de l'augmentation des loyers. C'est surtout les jeudis et les dimanches, c*està dire les jours où le parc, sous l'habile direc tion de M; Daudé, qui en a fait un lieu ravissant....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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