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Le Siècle, 6 août 1855

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Le Siècle
6 août 1855


Extrait du journal

A paine Renaud s'est-il éloigné que Hugues ne craint pas de venir parler do son indigne amoar à Pia; il ne craint pasdofairo une comparaison entre lui et l'homme qui lui a confié le soin de son honneur. L'épouse outragée lui ré pond avec énergie : « Autant qu'on peut aimer et respecter, mon époux m'aime et mo respecte. Ce n'est certes pas lui qui attaque de ses louanges captieuses mon orgueil féminin. Sa dignité d'époux ne le façonne pas à l'office de vil adu lateur. Il t'a honoré du titre sacre d'ami, il t'a révélé ses plus secrètes pensées, il t'a sauvé la vie au péril do la sienne... et c'était, ingrat, pour que tu vinsses 1 accuser de vant moi d'indignes soupçons et me livrer ses pensées! Ces pensées, que sa grande âme étouffe en les formant, d'où vient.que, pour les mettre aussi bas qu'elles méritent, c'est à toi«qu'il les confie? » Pia se défend contre ce misérable; elle déclare que qui conque lui fait entendre un langage, séducteur l'insulte. Alors Hugues la menace de noyer ses yeux dans des lar mes éternelles, de. traîner dans la boue son orgueil ; il la menace de lui ravir l'amour de son époux, de la rendre coupable à ses yeux. — Aux yeux de Dieu, je serai innocente. — Ne crains-tu pas le déshonneur? — Je crains la faute. Hugues a accompli son œuvro infâme; il a dénoncé Pia à la fureur de son époux, il l'a proclamée criminelle. Le malheureux Ranaud se débat encore contre cetto terrible révélation : il voudrait jusqu'à ce jour avoir mal connu Hugues; il voudrait jusqu'à ce jour avoir été l'ami'd'un menteur, d'un fourbe, d'un misérable; il voudrait par mille outrages lui avoir donné le droit de le trahir, plutôt que d avoir acquis par ses bienfaits la cruelle certitude do sa fidélité. Est-il possible qae Hugues ait va la Pia gui dant furtivement à la faveur des ténèbres un homme dans sa chambre? D'ans son désespoir, le malheureux époux s'éerie : — Hugues, ls croirais-tu? dans ce champ malheureux, au milieu de la déroute de l'armée, de nos drapeaux tombant de toutes parts, au milieu de la rage, de la honte, de la...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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