Extrait du journal

Les perdreaux, et les lièvres n'ayant pu conclure en temps utile avec les chasseurs un pacte de sécurité, les hostilités commencent aujourd'hui. Si la S.D.N. était appelée à arbitrer le conflit qui renaît périodiquement entre le gibier et les chasseurs, à qui donnerait-elle raison, quel parti serait désigné comme l'agresseur ? Beau su jet d'enquête, à condition que l'en quêteur puisse recueillir les réponses de Jeannot lapin et de. Dame perdrix. D'un côté, les chasseurs ont de bons arguments : les lièvres et les lapins consomment énormément. En un temps où les légumes sont hors de prix, les lapins mangent" du thym, du serpolet et broutent les* carottes. Quant aux perdrix, elles picorent le blé en meule et, si la farine augmente, c'est la faute atix perdrix. En outre, elles se promènent sur des terrains dont elles n'ont nullement' la propriété. Elles commettent journellement = un « délit de pied 9 et cela mérite la mort. Les lapins et les perdrix ripostent : « Pardon ! vous nous exhortez par des discours et des gestes généreux à croître et ù multiplier. Ne vous éton nez donc pas de notre nombre ; quand nous sommes nés, il nous faut bien vivre, el, d'après la Bible, les produits de la terre appartiennent à tous... Quant à notre passage sur vos terres, il laisse bien peu de traces ! Et puis, tout vous appartient aujourd'hui, même les airs ! Où nous logerionsnous ?» Pour résoudre le conflit, je ne vois qu'une solution : la création de larges zones démilitarisées entre les chas seurs et le gibier : qui violerait-ces zones encourrait la vindicte de la S.D.N., mais vous verriez que ce serait toujours le lapin qui a commencé. Pierre- Audiat....