Extrait du journal

— Alors, lu voleras tes 42.000 ? aije demande ce matin à mon excellent camarade, le députe Marsupial. — Si je les voterai ? El plutôt deux fois qu'une. * < : — Tu n'as pas peur î L'opinion, la presse, les critiques, les sarcasmes, les injures, cela ne te fait rien ? . — Beaucoup. Cela me détermine. Tu ne sais, pas ? C'est simple. Quand une femme honnête s'est compromise par des imprudences, lorsqu'il est re connu, avéré, publié qu'elle est la maîtresse de M. X... ou de M. Y..., sa réputation n'a plus à Souffrir. Qu'elle cède ou qu'elle résiste, c'est le même prix. i — Et lu te compares à l'honnête femme ? —!■ Exactement. On a tellement cric à la seule annonce que nous pourrions nous accored 42.000 francs, qu'on ne criera pas beaucoup plus lorsque nous les ^empocherons. Il faut compter, vois-tu, avec les extinctions de voix. — Mais, cher ami, quand la voix s'est éteinte, il reste encore les pieds. Tu ne les crains pas ?... Et lu ne crains pas non plus qu'au moment où la livre sterling cabriole, ton ,vote ne soit donné comme la cause de son en volée. Songe, cher ami, à celte man chette que nous lirons peut-être . de main au frontispice des journaux s « Les députés votent les 42.000... La livre sterling bondit à 168 •» ! — C'est prévu, me dit Marsupial en souriant. Nos précautions sont prises ; personne ne pourra nous accuser. La Bourse ferme à trois heures. La Chambre ouvre aussitôt après... — C'est vrai, fis-je. Je ne l'avais pas encore remarqué ! Nos poches n'ont pas un instant de répit. Pierre Audiat....