Extrait du journal
Le parti de la paix et le parti de la {U«m< ' • " - _ Après les paroles que M. le ministre des affaires étrangères a'fait en tendre à la tribune de là chambre des députés, après les belliqueux" discours de ses aides de camp, ne sommes-nous pas en droit de de mander ou est le parti de la paix, où est le parti de la guerre ? Que de*; viennent ces insinuations malveillantes qu'on répandait avec une ma chiavélique hypocrisie pour exciter contre l'opposition la défiant» des hommes paisibles? Que devient cette absurde, prétention diuitifiislèrâ delà peur, qui se- présentait à la France comme le seul gardien de la paix ? Comparez le langage mesuré de l'opposition aux violentes at taques de M. Guizot contre un indispensable allié devenu tout à coup un adversaire : de quel côté trouvez-Vous le calme de l'attitude joint â la dignité de l'expression? Qui joue ici le rôle de poltron révolté? A qui revient l'honneur de cette politique d'inertie fanfaronne, qui réunit les périls de la bravade aux ignominies de la couardise ? Pendant que vous vous abandonnez aux accès cômpromettans d'an puéril dépit, comment parlent à la France, à l'Europe ces hommes que vous représentez comme les fauteurs de l'insurrection et de l'anarchie ? « Savez-vous, disait dernièrement à la tribune M. Odilon Barrot, pour quoi, en 1815, de jeunes étudians des universités d'Allemagne, hom mes d'avenir et de liberté, qui semblaient les auxiliaires naturels de l'émancipation des peuples, furent entraînés dans les rangs de nos en nemis et vinrent attaquer la révolution» française jusque dans son foyer ? Cest que la révolution française s'était laissée dévier, c'est qu'elle avait renié son principe, c'est qu'en perdant sa propre liberté, elle avait perdu le respect des nationalités étrangères. «Cette leçon, ajoutait l'orateur, nous a prolité. Qu'on ne vienne donc pas dire que nous entretenons ces pensées de conquête dont on se fait une arme contre notre pays. Toutes ces appréhensions au moyen desquelles on essaie d'agiter les populations, c'est une calomnie, c'est une diversion que les gouvernemens absolus s'efforcent d'opérer, pour échapper aux exigences de leurs peuples ; mais cette tactique, qui sup pose des passions qui n'existent plus en France, est, Dieu merci, usée. Aujourd'hui nous sommes rentrés dans le principe de notre révolution, restoas-y. Respect aux nationalités; ne permettons pas qu'elles soient, violées par d'autres, alors que nous les respectons nous-mêmes. » Tandis que la gauche proclamait par ces sage» et nobles paroles le principe qui doit diriger la politique de la France à l'égard des puis sances étrangères, « Point de propagande, point de conquête, disait M. Thiers, mais la protection éclairée de la liberté et de l'ihdépendan-' ce de l'Europe. La protection de la liberté, voici ce qu'elle doit être r Si quelque part un prince éclairé veut donner la liberté à son peuple, il faut l'encourager; s'il est menacé pour cette bonne intention, il faut l'appuyer, et si quelque part les territoires sont violés, il faut que la France avise... Le rôle de la France, dans ce siècle, c'est de patroner la liberté des peuples et de se mettre à la tétede tous ceux qui voudront défendre leur indépendance nationale contre la conquête. » Ne préférez-vous pas la mesure et la dignité de ce langage aux in vectives de M. Guizot contre lord Palmerston ou contre le marquis de Normanby, et au nouveau couplet que M. Desmousseaux de Givré a cru devoir ajouter à la Marseillaise, sur un ton quelque peu discordant ?...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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