Extrait du journal
lions la dette que le président d'Haïti offre de reconnaître, puisqu'il est certain que ces millions ne seront jamais payés. Un ministère habile, pour aplanir réellement les difficultés, éviterait toute contestation sur la chiffre de la dette, il n'imposerait aux Haïtiens que des conditions admis sibles, mais il s'appliquerait surtout à assurer l'exécution de ces condi tions réalisables et consenties, et au lieu de menacer un pays pauvre do ses arméniens, ce qui oblige ce dernier à s'armer lui-mfcme, à accroître les dépenses de l'état et à laisser tarir les sources du revenu par l'abandon des cultures ; au lieu de le menacer et de l'épuiser ainsi, disons-nous, il tâcherait d'ouvrir des débouchés à son commerce en favorisant le nôtre,et de lui fournir les moyens de s'acquitter. Ces considérations générales, appuyées sur des renseignemens positifs et même sur des documens officiels complètement ignorés, à ce qu'il pa rait, de M. le président du conseil, ont été développées à la chambre des pairs par M. Villeinaindans un discours sérieux et nourri de faits auquel M. Molé n'a répondu, comme à tout le reste, que par des paroles évasives ou par une afl'iictation de sécurité et de forfanterie qui ne sied guère, comme on pourra s'en convaincre, à la position du ministre-né gociateur. Nous engageons ceux de MM. les députés qui voudront traiter la question d'Haïti à consulter dans le Moniteur le discours véritablement instructif de M. Villemain. Quant à nous, nous avons promis des éclair— cissemens sur cette question, et nous tenons notre parole. L'ordonnance du 17 avril 1825, qui a reconnu l'indépendance de la ré publique d'Haïti, avait mis à cette reconnaissance deux conditions : l'une, que les Haïtiens paieraient en cinq années une somme de cent cinquante millions pour indemniser les anciens colons de la perte de leurs proprié tés; l'autre, que les navires français et les marchandises chargées à bord ne paieraient à l'entrée et à la sortie que la moitié des droits perçus en Haïti sur les navires de la nation la plus favorisée. En ce qui regarde la question de l'indemnité, nous n'avons que peu de mots à dire. Lorsque le gouvernement de la restauration fit entamer par M Esmangart, en 18*17, ses premières négociations avec notre ancienne colonie, le général Pèlion, président de la république d'Haïti, offrit cent millions pour açliat de l'indépendance de cette république. Alors comme aujourd'hui, les produits de la république consistaient en 50,000,
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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