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Le Siècle, 10 juillet 1863

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Le Siècle
10 juillet 1863


Extrait du journal

— A quoi bon cette dernière formalité 1 Croiloa que j'aie peur de la mort? — Résignez vous, mon fils, dit le prêtre. Le comte délit sa redingote et commença à revêtir le linceul; au moment où il allait se couvrir la tête, sa mère eut un élan de lionne blessée, elle se précipita vers son fi ls, prit cette bille tête dans ses mains et là couvrit de baisers. La prison retentissait de sanglots. Ce transport d'amour maternel fut le dernier cri de la mère ; la courageuse patriote reparut, et ce fut avec un visage calme et les yeux secs qu'elle contempla ia funèbre toilette de son fils. - — Je me fais beau pour la mort, dit le comte en souriant-; j'espère qu'elle voudra de moi du premier coup. A onze heures un piquet de soldats vint prendre le condamné. Comme celui-ci avait les yeux bandés, deux gardiens lé prirent par dessous les bras et le conduisirent jusqu'à l'an gle de la place, près d'un poteau, non loin d'un trou béant récemment creusé. C'était la tomhe. Sa mère, comme la Cornélie dés Gracques, voulut suivre son fils ; elle se plaça à quelque distance du poteau. Les sœurs priaient et pleu raient, agenouillées dans une église voisine. Arrivé près du poteau, le comte embrassa le prêtre, envoya un dernier adieu à la Pologne, et attendit. Le greffier du tribunal vint se poser en face de lui, et lut à haute voix l'arrêt de mort lonfuement motive. Il se retira ensuite, et une étonation déchira l'air : le comte avait cessé de vivre. Le corps fut immédiatement précipité dans la fosse ; alors seulement la mère du supplicié retourna auprès de ses filles. La population tout entière faisait cortège à la noble femme,qui semblait vouloir ne pas être consolée. — Imitez-moi, mes amis, disait elle. Voyez, je n'ai plus de larmes. J'en aurais encore si mon fils eût tremblé devant les balles mosco vites. Je suis allée aujourd'hui pour le bénir; j'ai prié Dieu avec lui ; que notre chère patrie remplace dans notre affection te brave qui n'est plus! A la nuit, drs soldats russe* tirèrent le cada vre de la fosse e>. le transportèrent dans la for...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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