Extrait du journal

LA POLITIQUE DE LA PAIX Plusieurs des groupes formés par les citoyens appartenant au Parlement ou de simples particuliers, que réunissent les aspi rations Communes, ont pris la louable résolu tion de s'adresser directement aux électeurs^ à la veille du scrutin du 6 mai. Parmi ces groupes, il en est un, mélangé de parlementaires et de simples particuliers, qui poursuit la noble tâche de substituer farbitrage à la guerre, c'est-à-dire là justice à la force et: la persuasion au moyen' de "discussion inventé par nos ancêtres lorsque, tout frais émoulus de la,troupe, .des singea et.,£ncore .pourvus de mâ choires puissantes qui leur servaient d'outils, ils erraient tout nus sur cette terre qu'ils n'avaient pas encore domptée. . : Ce groupe des Amis de- la paix, le groupe de l'arbitrage international, a Jait; imprimer et ré pandre une feuille •intitulée : la Politique de la paix devant le -suffrage universel. Naturel lement, il défend sa doctrine^ et les arguments ne lui manquent pas. 11 eh a deux, puissants et concrets : la convention de la Haye, qui prouve que les idées qu'il défend ont conquis des par tisans jusque sur les- trônes, et. la conférence d'Algésiras, qui a été une application solennelle des principes reconnus à la Haye. Car, enfin, si nous voulons nous rendre comp te des résultats obtenus par la campagne de l'arbitrage, nous n'avons qu'à situer, par hy pothèse et par imagination, les quelques mois que nous venons de traverser au commencement du vingtième siècle, dans la première moitié du dix-neuvième siècle. Que se serait-il passé? Ceci, très probable ment- Le potentat auquel la France aurait con fié ses destinées, pour ne pas être accusé par ses ennemis tïe pusillanimité et de lâcheté et pour ne pas perdre ses émoluments de vingtcinq millions par an, aurait retroussé sa mous tache et aurait dit au pays : « L'ennemi héré ditaire veut nous chercher noise jusque sur la côte africaine. C'est un outrage que nous ne supporterons pas. En avant ! » Et deux ou trois cent mille mères françaises auraient pleuré leur fils, tombé dans quelque coin, et qu'elles n'au raient même pas pu embrasser avant de le con fier à la terre. ■ Naturellement, en essayant de substituer des solutions pacifiques aux solutions militaires,- ce groupe dérange les intérêts d'un certain nombre de nationalistes, dont l'industrie s'est adaptée aux vieux abus. Et ces gens font mauvais ac cueil à sa jgetite proclamation. L'enfance de. l'art, dans cette polémique, faite dé mauvaise foi, comme presque toutes, consiste à contondre les pacifistes avec les antimilitaristes et à dire que leurs efforts avaient endormi le pays dans.une fausse sécurité, qui a permis de sus pendre l'œuvre de défense nationale. Du reste, une "des bonnes plaisanteries du nouveau siècle aura consisté à représenter com me ravagée par l'antimilitarisme une nation qui se ruine pour avoir une armée formidable et qui donne au Moloch militaire tout l'or de son épargne et toute la.chair de ses entrailles. Et tout cela, pourquoi? Parce que quelques fous, réduits à ce seul moyen d'attirer l'attention sur leur personne, ont blasphémé le drapeau. A ce compte-là, pourquoi n'allez-vous pas étudier la femme française à la Salpêtrière et le citoyen français à Ville-Evrard? J. Cornély....