Extrait du journal

Tu veux te promener, cher ami? A ton aise. Et.au lieu de mettre son projet primitif à exécution, le jeune homme 'rebroussa chemin, tout doucement, sans avoir l'air de s'occuper du quidam. Tout en marchant, il se demandait qui pouvait avoir un intérêt quelconque s con naître ainsi ses moindres démarches; màis il ne trouvait rien à répondre. Tout à coup il se frappa le front, si fort même, que bien certainement son fileur dut le croire atteint d'aliénation m'en. taie. 1 — J'y suis, se disait Albert ; il y a de la jolie voleuse là-dedans. Ou elle veut Bavoir qui je fréquente, dans quels en droits j'accompagne Boris; ou bien elle tient à se ménager une entrevue avec moi, fortuitèment. C'est clair. Mais dans quel but? Ce n'est certes pas par passion, ni par sympathie, ou je serais bien étonné..; Voudrait-elle me sonder au sujet des soupçons que peut avoir mon ami? C'est plus probable... Elle est très forte, cette femme-là : elle me plaît. Et elle n'est pas commode... je vois toujours sa lame mi roiter devant moi... N'importe 1 si c'est bien ce que je fcense, nous serons à deux de jeu, et j'ai les atouts dans les mains... J'ai un moyen certain de savoir à quoi: m'en tenir, et c'est son émissaire qui va me le fournir. Lorsqu'il se sentit un peu las de piéti ner de droite et de gauche, il rentra à l'hôtel sur le coup de cinq heures et de mie, et,en attendant Nikitine, il s'installa dans un salon du rez-de-chaussée, où il parcourut un journal. Il venait de commencer salecture quand celui-ci arriva. — Pouvez-vous disposer de votre soi rée ? fut la première question qu'il lui adressa, sans lui laisser le loisir de poser son bonnet sur un meuble....