Extrait du journal

DE MIDI A MIDI Je ne suis pas de ceux qui disent : Co n'est rien, (J'est nno femme qui se noie... Non, je ne suis pas de ceux-là, mais je sois que je me singularise. Avez-vous remarqué que chaque fois qu'on découvre un cadavre anonyme une centaine de personnes écrivent à In polic.e pour lui signaler qu'après tout ce pourrait bien être leur femme, leur fille, ou leur amie. . — Tiens ! dit celili-ci une personne du sexe féminin ? Mais ma fille a dis paru en 1924. Voilà trois ans qu'elle ne nous a donné aucune nouvelle. Il lui sera peut-être arrive malheur. Je commençais vraiment à m'inquiéter. —- C'est curieux, écrit cet autre, il y a dix-huit mois/ma femme est sortie pour aller acheter du lait chez le cré mier. Je ne l'ai plus revue. Je pensais qu'elle attendait la baisse, tout simple ment. — Oui, mon amie, confie ce troisiè me, m'a quitté un peu brusquement à propos d'une écharpe en,peau de tou tou que je ne pouvais 'pas lui offrir. J'avais bien l'intention de signaler cette disparition au commissaire, mais, je suis très occupe et je n'ai pas encore trouvé une minute. -■ On pourrait sans doute ouvrir, à la Préfecture de Police, à côté de la salle des objets perdus, une section pour les gens disparus, mais il faudrait prévoir des agrandissements et la Préfecture' manque 4e crédits. On pourrait aussi créer un corps d'avertisseurs qui poliment s'approche raient des promeneurs solitaires et leur diraient : « Monsieur n'a rien oublie f Monsieur n 'a rien perdu ? Ni sa mon tre, ni - sa femme, ni ses clefs,, ni sa fille ? » On pourrait enfin publier chaque jour la liste des Parisiens qui n'ont égaré aucun membre de leur famille. Ceux qui n'y figureraient pas sauraient à quoi s'en tenir ! . Pierre Audiat....