Extrait du journal

Nous sommes dans une situation bien étrange. Nous chercherions en vain dans notre histoire ou dans celle des peuples voisins un état de choses qui ait quelque analogie avec celui que nous subissons. Un homme s'empare de la dictature le 2 décembre 1851. Ne récriminons pas ea ce moment, ne rappelons ni le parjure, ni les massacres, ni les proscriptions; ne voyons que le fait. Cet homme est maître absolu, il rassure les bons et fait trembler les méchants, il peut tout ce qu'il veut, il a un blancseing, il a devant lui un peuple terrifié et des assemblées dociles, il a dans ses mains la force armée et un budget de deux milliards de francs, sans compter les emprunts. Tout d'abord il songe à lui, c'est tout sim ple! Il est président d'une république nomi nale, il veut être plus... ou moins; le voilà empereur, avec une cour, avec des cham bellans, des écuyers. Fort bien ! Près de vingt années s'écoulent. Cet homme qui pouvait tout n'a rien fait. Tous les iutérêts moraux et matériels sont en souffrance, la misère est grande, l'ignorance plus grande encore. En 1869, la France s'éveille, elle se dit qu'avec la moitié seulement des mil lions follement engloutis dans l'expédiiion du Mexique on aurait pu créer une école dans chaque commune; elle réclame ses libertés ravies, ses droits foulés aux pieds ; elle proteste contre ce pouvoir personnel qui est son œuvre....