Extrait du journal
Un conseiller municipal doit adresser, au jourd'hui, une question à M. le préfet de la Seine au sujet de l'internat des femmes dans les hospices de la "Ville de Paris. La question est, à coup sûr, intéressante en soi, et elle présente un .caractère d'ac tualité puisque les Sociétés de médecine et de chirurgie se sont réunies déjà et vont se réunir encore pour la discuter. Elle a, d'ailleurs, été traitée ces jours derniers, à des points de vue divers, par nombre de nos confrères de la presse. Quel parti prendra l'administration ? Nous ne sommes point renseignés à cet égard ; mais, volontiers, nous lui conseillerions de ne pas, dès à présent, se prononcer d'une manière absolument négative. Bien des objections ont été faites. On a dit que les femmes qui réclament l'internat ne sont pas encore très nombreuses et que la plupart sont étrangères ; on a dit aussi que, si les femmes veulent aujourd'hui aussi faire de la médecine, elles en peuvent faire en se contentant des facilités qui leur sont oc troyées, et en travaillant comme les quelques milliers d'étudiants de la Faculté de Paris, qui ne font pas de mauvais médecins, même sans avoir été internes ; on a dit encore que, si respectueux que l'on soit de son intelli gence, et si assuré de ses aptitudes, on n'imagine pas la femme en train de faire une opération chirurgicale presque toujours répugnante et qui ne convient guère à ses faibles mains ; on a dit enfin que la femme, en demandant le bénéfice de l'internat, ou blie son rôle et que son unique souci doit être le souci du foyer. Fort bien. Toutefois il faut tenir eompte des faits. Les faits sont ceux-ci: actuelle ment la Faculté de médecine de Paris compte cent étudiantes, parmi lesquelles il y a vingt-cinq Françaises; quelle raison y a-t-il de leur refuser de compléter leurs études par une pratique sérieuse ? Le préfet de la Seine est saisi d'une pétition pour l'admis sion des femmes à l'internat; .or, cette pé tition porte quarante-six signatures de chefs de service, dont treize sont professeurs à la Faculté ; ces opinions favorables sont-el les sans valeur ? Un homme des plus compétents écrivait récemment qu'il avait le plus grand respect pour les vaillantes jeunes femmes qui, après avoir pâli sur les bouquins grecs, dé solation de l'enfance masculine, ont du moins acquis assez de connaissances géné rales pour aborder un genre d'études sé vère et sérieux; et il ajoutait : « Si j'étais à marier, je n'épouserais peut» être pas une femme médecin ; mais, à...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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