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Le Siècle, 13 août 1849

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Le Siècle
13 août 1849


Extrait du journal

sinistres, vos ennemis vous suivent dans l'ombre, attendant que vous leur livriez des cadavres. Ce que nous invoquons, a dit cette belle parole que le génie du cœur inspire, c'est encore le principe de l'assistance. Il y a là au1 tour de nous vingt mille familles qui nous demandent de ne pas leur ôter leur pain ! La dureté des.temps que nous traversons fait qne les théâtres, qui jadis faisaient seulement partie de notre gloire, font aujourd'hui partie de notre misère. Sachez-le bien, qui laisse fermer les théâtres fait fermer les boutiques ! Sachez-le bien, qui laisse fermer les théâtres de Paris fait une chose que nos pères n'ont jamais faite, que l'invasion n'a pas faite, que 93 n'a pas faite ! Qui ferme les théâtres de Paris éteint le feu qui éclaire,, pour ne plus laisser resplendir que le feu qui in cendie ! Osez prendre cette responsabilité ! C'est là une sombre et effrayante révélation.-^ On va prendre des allures de caissiers malheureux veillant au salut des trésors publics, défendant pied à pied les épargnes de l'Etat, pour empê cher à tout prix une faillite. , C'est là une pure ironie ; la faillite, la hideuse banqueroute, c'est vous qui l'amènerez; par votre déplorable parcimonie, vous arrêtez la circulation, vous tarissezla richesse publique; -*• en resserrant vos capitaux, vous faites que chaque citoyen vous imite; vous arrê tez tout, vous suspendez toutes les opérations : L'Etat a peur, nsus devons trembler,—tel est le raisonnement naturel; les 600,000 francs qu'on vous demandait, etqui étaient une véritable obole, un atome, une parcelle dans l'énorme budget, dont vous disposez, c'était la manne pour Paris, et rentraient vite dans vos caisses, en allant ali menter cent mille individus qui vous paient chaque jour le droit de respirer dans l'enceinte de murailles où ils vivent enfermés;'vous avez refusé le denier dû à l'art, dû à ce qui régénère, vivifie, illu mine notre pauvre société ; malheur à vous ! malheur à nous ! ' Allons, messieurs/les auteurs dramatiques, allons, messieurs les artistes, vous ave--; encore quelques jours à' vivre, profitez bien du peu de temps qui vous reste. La vengeance est, dit-on, le plaisir des dieux; vous êtes nos dieux, à nous;vengez-vous, vengez-nous en même temps. On n'a pas encore mis la main sur la liberté des théâtres, armez-vous du fouet de la satire, frappez fort, flagellez, sanglez, nous dirons bravo, nous crierons bis. Le champ est vaste, la tâche est facile. Oh ! grand Beaumarchais, illustre Molière, que n'êtes-vous là ! vos fils, espérons-le, saurontjs'inspirer à vos sourcesîvives,faillissantes et régénératrices. e**™*...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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