Extrait du journal

FRANCE. Parla, 12 juillet. Un fait qui a causé une vive surprise et dont l'opinion s'estjmtement préoccupée est ce matin Uobjet des commentaires de plu sieurs journaux. Il s'agit de la révocation de l'amiral Baudin lors que tous les préparatifs de l'expédition qu'il devait commander étaient achevés, lorsqu'il avait reçu ses dernières instructions et que déjà il avait arboré son pavillon sur la frégate la Gloire. Ce fait, si incroyable qu'il ait paru dans le premier moment, est aujourd'hui officiellement confirmé. Le vice-amiral de Mackau va prendre le commandement de la division navale chargée du blocus de la Plata. Nous ne voulons atténuer en rien la gravité d'un pareil acte. Il est certain qu'il a fallu au cabinet des raisons puissantes pour frapper ainsi en quelque sorte sur son bord, au milieu des soldats et des braves marins dont il était entouré, Tin officier-général investi des insignes du commandement et qui, la veille, avait sa confiance. Quelles sont ces raisons? Voilà ce que les ennemis du ministère ne se donnent pas la peine de demander : ils aiment mieux s'écrier tout simplement comme le National qu'après avoir obtenu des con cessions de l'Angleterre pour le traité deNaples etl'avoir amenée à accepter la nouvelle face que prennenl les affaires en Orient, ce qui, soit dit en passant, est un éloge mérité, quoique sans doute invdlontaire, de la politique de M. Thiers, on va de propos délibéré sacri fier l'honneur et les intérêts de la France dans les régions lointaines de l'Amérique du Sud aux exigences de l'alliance anglaise. Le Capi tale, tout en donnant des explications sur lesquelles nous reviendrons toutà l'heure, ne se montre pas plus embarrassé. C'est l'influence anglaise qui signale de nouveau son action toujours présente dans nos conseils. Enfin la Presse, fidèle à ses habitudes, «e livre sans connaître les faits à la plus violente des divagations contre M. le président du conseil, capricieux, versatile, jouet de toutes les in fluences, ne respectant" pas plus les autres qu'il ne s'inquiète de sa propre dignité, et qui, par une fantaisie d'humeur, par un des1 soubresauts de sa quinteuse dictature, vient de briser entre les mains du vainqueur de Saint-Jean d'Ulloa l'épée levée une seconde fois pour venger l'honneur de la France ! Quel exemple de la part d'un premier ministre ! s'écrie la Presse à la suite de ses propres inven tions 5 comme cela est propre à restaurer la dignité du pouvoir et le respect de l'autorité! Eh bien ! oui, c'est au nom de la dignité du commandement, c'est pour maintenir le respect qui est dû à l'autorité, que M. le président du conseil, d'accord avec tous ses collègues, a retiré à l'amiral Baudin la mission dont celui-ci était chargé. Voilà ce que les enne mis de M.Thiers seront forcés de reconnaître eux-mêmes, à moins qu'ils ne soient en mesure d'infirmer les renseignemens que nous avons recueillis, et que le cabinet, par une réserve poussée peutêtre au-delà de ses devoirs, n'a point voulu publier officiellement avant d'y être contraint. C'est vainement qu'on voudrait rattacher les difficultés qui sont survenues au nombre ou à la nature des troupes destinées à pren dre part à l'expédition. Toutes les mesures avaient été concertées entre le président du conseil, le ministre de la marine et le com mandant de la division navale. C'est un fait que les préparatifs de départ annoncés par les journaux et les lettres de Cherbourg ont rendu évident. Le Capitale prétend que l'insuffisance des troupes de débarquement ayant forcé l'amiral Baudin à changer ses plans d'opération, il avait jugé nécessaire un remaniement dans le peronnel des agens politiques et consulaires qui sont chargés des inté...