Extrait du journal
qualités sans les trouver, elle ne pouvait pas reconnaître qu'elle était intelligente ; stupide au contraire, aussi bête que belle. Ah 1 si elle avait été à la place de Corysandre. Mais c'est là le malheur de la vie que la femme n'arrive à l'apogée de son intelli gence qu'au moment où a déjà commencé le déclin de sa beauté. Ce défaut de confiance dans l'intelligence de sa fille lui rendait sa tâche délicate. Avec une fille déliée rien n'eût été plus facile que de lui tracer le canevas d'une scène qui au rait infailliblement amené à ses pied3 nn homme épris et passionné comme le duc de Naurouse; mats avec elle il n'en pouvait pas être ainsi : ce qu'on lui dirait d'un peu com pliqué, elle ne le répéterait pas; ce qu'on lui indiquerait d'un peu fin, elle ne le ferait pas. Il lui fallait quelque chose desimpie, de très simple qu'-elle pût se mettre dans la tête et exécuter. Mais quelque chose de très simple et de tout à fait primitif agirait-il sur le duc de Naurouse ? Elle chercha dans ce sens ; malheureuse ment elle n'était à son aise que dans ce qui ét^iit compliqué, savamment combiné, en tortillé à plaisir; tout ce qui était simple lui paraissait fade ou niais, indigne de retenir son attention. Et, cependant, c'était cela qu'il fallait, cela seulement : quelques mots, une intonation, un geste, un regard, et il était entraîné ; mais ces quelques mots, cette intonation, ce geste, ce regard, ne pouvaient produire tout leur effet que s'ils étaient en situation. C'était donc une situation qu'il fallait trouver, et si elle était bonne, elle porterait la mauvaise comédienne qui la jouerait. Une partie de la nuit se passa à chercher cette situation ; elle en trouva vingt, mais bonnes pour elle-même, non pour Gorysan dre, se dépitant, s'exaspérant de voir com bien il était difficile d'être bête; enfin, de guerre lasse, elle s'endormit. Le lendemain, en s'éveillant, il se trouva que le calme de la nuit avait fait ce aue le trouble de la soirée avait empêché : elle te nait sa situation, bien simple, bien bête et telle qu'il fallait vraiment être endormie pour en avoir l'idée. Aussitôt elle passa un peignoir et vire ment elle entra dans la chambre de sa fille,!...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
En savoir plus Données de classification - lisbonne
- léon say
- magnin
- benjamin raspail
- benjamin constant
- sieyès
- armand marrast
- ornano
- raspail
- bescherelle
- paris
- france
- londres
- europe
- angleterre
- luxembourg
- orléans
- chantilly
- autriche
- porte
- la république
- bastille
- journal officiel
- parti républicain
- république française