Extrait du journal
Ja convocation des électeurs dans le di^ti d'un mois. Nous rappelons ces faits pour en arriver aux principaux arguments mis en avant par les conseillers socialistes, à savoir, que le-Métropolitain « accélérerait l'émigration de la classe ouvrière hors Paris et nuirait à l'octroi »; que de cette émigration les propriétaires profiteraient pour élever le prix d,es loyers et les petits boutiquiers pour vendre plus cher. Les loyers aug mentant en même temps que le nombre des logements vacants ; les boutiquiers re levant leurs prix parce qu'ils auront moins d'acheteurs, c'est le comble du paradoxe économique. Il faut aller au Conseil muni cipal de Paris pour entendre exposer sé rieusement de pareilles théories. Ainsi, lés socialistes de la Chambre, pour faire leur cour aux travailleurs, de mandent qu'on accorde à ceux-ci de plus grandes facilités de communication,; afin qu'ils puissent aller chercher dans la ban lieue de meilleurs logements à meilleur marché; les socialistes du conseil, au con traire, veulent maintenir les ouvriers dans la ville. Est-ce bien dans l'intérêt des ouvriers eux-mêmes ?1l est permis d'en douter. Et l'on peut faire à ce sujet une remarque in téressante : MM. Chauvin, Coûtant,- Goussot, qui ont demandé le développement du régime des trains spéciaux, sont tous trois des représentants de la banlieue, l'un d'une circonscription de Sceaux, les deux autres d'une circonscription de Saint-Denis. Pas un député de Paris n'est venu appuyer leur motion. Cette abstention s'explique; elle a les mêmes causes* secrètes que l'opposition des conseillers parisiens. Ces causes, on s'est bien gardé de les dire, mais un ora teur un peu moins malin que les autres les a laissé sous-entendre à l'Hôtel de Ville. Avec l'émigration hors Paris, s'est-il écrié, « la classe ouvrière né sera plus qu'une masse de travailleurs qui n'aura qu'une pensée : prendre le train pour se rendre à la campagne. De l'atelier, de l'usine, les ouvriers iront au chemin de fer pour re tomber à leur domicile,et reprendre, le lendemain, leur besogne ingrate et ter rible. » Nous y voilà. Sans le Métropolitain, ; l'ouvrier, qu'il travaille ou ne travaille pas, a le choix, pour passer la soirée, entre le foyer domestique, le cabaret et une salle Fa vier quelconque. Souvent le mastroquet et la réunion l'emportent sur la famille, et c'est autant de gagné pour la propagande socialiste. A Paris, d'ailleurs, il est sous la niain des comités, il forme le gros du corps électoral ; c'est dans les ate liers et les usines que se recrutent les élé ments révolutionnaires. ! ■ • Avec le Métropolitain, l'ouvrier échappe" à cette action de toutes les heures; une soirée passée dans la famille est une soi rée perdue pour l'excitation démagogique; or, toutes les soirées ou presque, dans la banlieue, se passeront en . famille, puis qu'il n'y aura là, de longtemps au moins, ni cabaret attitré,ni maison du peuple voi-, sine. C'est ce que l'orateur indiscret dont nous citions tout à l'heure les paroles sug gestives, appelle « retomber à son domi cile », comme d'autres diraient : retomber dans leur paresse ou dans leur inertie. Et les socialistes qui forment le fond de la re présentation parisienne, députés aussi bien que conseillers, se verraient, en quelques mois, privés de la très grande majorité de leurs électeurs. Telle est la vraie raison pour laquelle le conseil municipal n'a pas voulu du chemin de fer métropolitain, et pour laquelle aussi le groupe socialiste parlementaire a laissé les citoyens Chauvin, Coûtant et Goussot se mesurer tout seuls avec le ministre des travaux publics. II a fallu que ce fût un député de Versailles qui proposât un ordre du jour en faveur de 1 extension des trains ouvriers à un plus vaste périmètre. Il n'a jamais été plus manifeste que les représentants élus par les ouvriers se préoccupent fort peu du bien-être de ceuxci et n'ont jamais en vue que leurs propres intérêts politiques. ' Doubaslb....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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