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Le Siècle, 14 juin 1870

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Le Siècle
14 juin 1870


Extrait du journal

Q iand je l'interrogeai, il m'avoua son crime, en ajoutant qu'il exterminerait ainsi tous mes ennemis. Pouvais-je sévir contre ce serviteur trop dé voué? pouvais je payer son attachement pour moi en le dénonçant à la justice ? Rigoureuse ment, c'eût été mon devoir ; je n'eus pas fe courage de l'accomplir, et je devins ainsi le complice d'un meurtrier. Ah ! mon ami, n'est il pas affreux qu'un instant d'entraînement ait pu amener de telles conséquences ? Je m'en consolais pourtant dans l'ivresse de ma tendresse pour ma femme ; mais bientôt j'eus d'autres sujets d'alarmes ; Lucile s'affai blissait d'une manière déplorable; j'aitribuai d'abord son état à ces malaises nerveux aux quelles les jeunes femmes sont sujettes, puis je crus à un commencement de grossesse. Je trouvais que pour Luciie c'était un peu trop tôt ; je tremblais de la voir déjà en butte aux souffrances de la maternité ; cependant la pensée d'un petit enfànt bercé sur les genoux de Lucile me souriait; je lui en parlai, elle me détrompa ; alors je consultai Fernet ; il me répondit que l'anémie était la cause de son dépérissement comme du mien, auquel je ne prenais pas garde bien que je souffrisse par fois d'une façon cruelle. Dans cette occurrence, je demandai à Lucile si, au lieu d'attendre la visite de ses parents, nous ne ferions pas mieux d'aller les trouver nous-mêmes à Montferney. Ce projet lui plut et, notre départ décidé, je sollicitai un congé. J'étais heureux de quitter pour quelque temps Mascara où j'avais eu de si graves en- j nuis et j'attendais ma permission avec impa- | tû-nce, lorsque la foudre tomba sur moi. j Un matin, en entrant dans mon bureau, j'y trouvai une femme soigneusement voilée, i Comment y était-elle entrée? Qui l'y avait in troduite ? fies gens questionnés n'ont pu me répondre; tous l'ignoraient'. Dès que je fus entré, elle referma la porte ' et,venant se placer debout devant moi, elle me ! dit d'une voix qui me fit tressaillir d'effroi j...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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