Extrait du journal

On s'était trorp^é, paraît-il, en attri buant à certains, amis de l'ancien cabinet l'intention d'ouvrir une campagne dissolutionnist,'j. L'erreur, en tout cas, était ex cusable, en présence de certains articles où l'"on opposait la nation à la chambre et dQ certains dessins où l'on voyait un bra# "vengeur menacer du martinet les députés qui avaient renversé le grand ministère. -Ce n'était là qu'un accès passager de mauvaise humeur. Soit que le succès n'ait pas répondu à l'entreprise, soit que des instructions aient été adressées, comme on l'annonce, à ces esprits chagrins par l'ancien président du conseil.au cours de son voyage, un changement fiotable s'est opéré dans le langage des journaux où l'on va. chercher la pensée du défunt mi nistère. Le plus autorisé d'entre eux dé clare que, tout en regrettant l'usage que la chambre a fait de ses droits dans la journée du 26 janvier, il ne saurait entrer dans sa pensée « de battre en brèche son autorité. » Un républicain ne doit deman der la dissolution d'une chambre que si cette chambre menace la République, ou du moins si l'expérience a démontré qu'elle ne peut plus rien accomplir de bon ni de salutaire. Telle n'est pas la si tuation. Cette chambre ne fera pas sans doute toutes les réformes qu'aurait ac complies le grand ministère, mais elle fera des réformes, le journal de la Chausséed'Antin ne le met pas en doute ; petites réformes sans doute, réformes de détail, c'est évident, mais réformes enfin. Eh bien, dit notre confrère/ « tant que la chambre pratiquera une telle politique de réformes,, un. peu trop modérées à notre goût, mais enfin de réformes ; tant qu'elle soutiendra lè cabinet actuel, qu'il faut considérer comme le meilleur des cabinets possibles dans les circonstances présentes, nous pourrons nous permettre, soit de critiquer certains de ses votes, soit de stimuler son ardeur, que nous voudrions plus grande dans la voie dn progrès ; mais nous ne songerons pas un instant à miner son au torité. » Ces déclarations n'étaient pas inutiles pour corriger l'effet de certaines paroles imprudentes échappées sans doute dans un moment d'humeur. Nous ne .doutons pas que les actes ne soient à l'a venir conformes aux paroles, ces paroles venant d'hommes politiques quine parlent pas à la légère. Il y a toujours une grande colère, dans les feuilles cléricales, contre chef du jury de la cour d'assises de la Seine qui, tout récemment, a refusé de prononcer la for mule d'usage contenant les mots devant Dieu, et devant les hommes. On sait qu'inteiTompu par le président, le chef du jury répondit : « Ma conscience m'interdit de prononcer ces mots : devant Dieu, at tendu que je ne crois pas à Dieu. » On choisit un autre chef du jury que la for mule légale ne choquait pas, et l'incident n'eut pas d'autre suite. Mais quel scan dale pour les feuilles dévotes ! Quelle abo mination qu'un homme qui ne croit pas en Dieu refuse de mentir à sa conscience ! On devrait féliciter cet homme de ses scrupules et de son horreur de l'hypocricijsie et du mensonge. On l'accable d'in jures, on n'a pas assez d'invectives pour un citoyen dont la conscience se révolte de-...