Extrait du journal

„ LE MOUVEMENT ÉLECTORAL.V-?7' ' Jamais il n'y eut autant d'hommes libéraux en France qu'aujourd'hui. Le suffrage uni versel commence à tenir ses assises, et cha cun tient à comparaître devant lui innocent de toute faute contre la liberté, chacun veut n'avoir aimé et pratiqué qu'elle. On cher cherait peut-être vainement, à l'heure qu'il est, quelqu'un qui osât se dire contraire à ce que tout le monde réclame. Ce mouvement est à la fois admirable et curieux. Pourquoi, malheureusement, la période électorale est-elle aussi courte, et pourquoi si peu de candidats du lendemain ressemblentrils aux candidats de la veille? En attendant, les professions de foi et les proclamations retentissent. Les coûcurrens sont en présence, et les électeurs sont la puis sance du moment. Le sénatus-consulte qui prescrit le dépôt préalable "du serment et la doctrine de la cour de cassation sur la distribution des pro fessions de foi et des bulletins ont complète ment changé les conditions électorales. Au trefois les électeurs, illimités dans leur ini tiative, pouvaient se grouper spontanément autour d'un nom donné. Aujourd'hui il faut que celui qui porte ce nom puisse ou veuille se prêter à la manifestation. Il est en quel que sorte forcé de briguer les suffrages de ses concitoyens. On ne peut distribuer ni ses professions -de foi ni* ses bulletins sans le dépôt préalable fait par lui de son serment. Il est contraint d'être candidat. D'autres difficultés ont été. semées sur la route du suffrage universel. Il rencontre lés obstacles mis au droit de réunion; il se heurte aux candidatures officielles, appuyées par toutes les petites puissances dont dispose l'administration ; les journaux, stfr la tête desquels la législation de février 1852 reste suspendue, ne peuvent pas se jeter dans la lutte avec toutes leurs forces; enfin, séparés quelquefois par des distances qui atteignent jusqu'à 140 kilomètres, les électeurs d'une même circonscription n'ont pas ces intérêts communs qui constituent le bataillon com pact mû par une seule volonté. Malgré toutes ces difficultés, le spectacle que donne aujourd'hui la France est saisis sant. Il semblerait que les obstacles aient disparu, que les chemins soient complète ment libres, et c'est le cœur plein d'espé rance pour la victoire que la partie du suf frage universel qui ne se rallie à aucune...