Extrait du journal
Les opérations dirigées contre Langson ont eu le résultat que promettait la dernière dépêche du général Brière de l'Isle. La citadelle a été occupée parnos troupes dans la journée du 13 février. Le moment est donc venu de résumer l'en semble de cette expédition quinefaitpas moins d'honneur à nos soldats qu'à leurs chefs. Nous l'avons dit souvent : quel que soit le point de vue où l'on se place pour juger l'entreprise du Tonkin, il est impossible de ne pas admirer les gran des qualités militaires dont notre jeune et vaillante armée fait preuve en toute rencontre. Il s'agissait cette fois d'aller chercher l'ennemi au centre même de ses cantonnements, sur la frontière orientale, et de l'aborder sur un terrain où il avait pu accumuler à loisir toutes ses ressources, tous ses moyens d'a gression et de défense. Pour le joindre, il fallait traverser un 'pays sur lequel on n'avait que des renseignements in complets, bien qu'on le sût dénué de ressources et semé d'obstacles de toute sorte. Dès les premiers engagements, on avait pu se convaincre qu'on aurait affaire à des soldats bien supérieurs en nombre, bien décidés à défendre pied à pied leurs positions, et dont l'infériorité, comme instruction et discipline, se trouverait précisément compensée], dans une large mesure, par la parfaite connaissance du pays où nous allions être obligés de les suivre en quelque sorte à l'aventure. Ne pouvant tabler sur rien de précis, quant au chiffre et à l'emplacement des forces qu'il allait rencontrer ; obligé, par conséquent, de subordonner ses mouvements à ceux de l'ennemi à par tir du moment où il en serait venu au contact, le général Brière de l'Isle, au lieu de tenter des manœuvres dont la base même faisait défaut, nous semble avoir adopté le plan le plus simple, ce lui que dictait le bon sens. Ignorant si là nature du terrain où il allait opérer lui permettrait de maintenir ses com munications, il n'a pas fait de détache ments. Il a marché sur unte seule route et avec tout son monde, Comme nous avions cru pouvoir l'annoncer, contrair ïement à l'opinion générale. La route Mandarine est la plus di recte qui mène à Langson ;%c'est celle qui avait été suivie par la colonne du colonel Dugenne ; celle où il était le plus probable que les Chinois nous at tendraient. Au lieu d'engager une co lonne ou de s'engager lui-même sur cette route, le général Brière de l'Isle nous semble avoir orienté la direction générale de sa petite armée de manière à tourner les ouvrages que les Chinois n'ont pas dû manquer d'élever entre Bac-Lé et Langson. En évitant de les aborder de front, il a renouvelé la ma nœuvre qui nous avait si bien réussi à Bac-Ninh, il a réduit le chiffre de nos pertes^ mais dans des conditions bien autrement difficiles. A Bac-Ninh, nos troupes avaient eu l'appui considérable de nos canonnières. Dans sa marche à travers le massif qui sépare le bassin .du fleuve Rouge du bassin de la rivière de Canton, le général Brière de l'Isle n'avait plus l'auxiliaire de la marine. Bien conçu dans ses dispositions d'en semble, le plan du général Brière de l'Isle n'a pas été moins bien exécuté dans le détail, mais c'est au prix de fatigues inouïes et de combats incessants qu'il à pu être mené à bonne fin. Il sufit de lire les dépêches si sobres du général en chef, pour comprendre que jamais nos soldats n'ont donné une preuve plus complète de leur entrain, de leur discipline, de leur ferme persévérance que dans cette marchesur Langson. Tout faisait prévoir, depuis les com bats de Duong-Song et l'enlèvement des crêtes qui séparent les bassins chinois...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
En savoir plus Données de classification - du mesnil
- becque
- lafont
- deschamps
- molière
- péricaud
- edmond about
- courbet
- henry becque
- berry
- paris
- tonkin
- remiremont
- vierzon
- france
- alsace-lorraine
- ning-po
- simpson
- algérie
- syndicat
- conseil d'etat
- dernière bande
- union postale
- salomon
- sorbonne
- conseil de préfecture
- union postale universelle
- institut
- c. b.