Extrait du journal
FBANCE. Parte 15 janvier. te ministère a deux manières de se dédommager de la servitude que font peser sur lui ses alliés du centre droit et des mépris dont l'accablent si justement et les carlistes et les cabinets absolus dont il fait les affaires. Chaque matin il reçoit un tribut de reconnaissance et d'admiration de la part de gens 'qui ont mission de le proclamer sage, ferme, éloquent, et de le recommander, de son vivant, à l'atten tion de l'histoire. En même temps il se complaît à faire déverser sur l'opposition la raillerie et l'outrage par les mains pures et dévouées quliui offlrênt un encens si digne de lai. - , , L'opposition, assurément, ne se plaindra pas de la part qui lui est faite dans cette justice distributive. Du moment ou c'est le journal la Presse qui se charge d'assigner à chacun le blâme et la louange, Y honneur et la honte, il ne saurait être ni bien affligeant ni bien compromettant pour l'opposition de se voir abaissée autant que sont exaltés MM. les ministres. Quant à M. Thiers, la Presse, après l'avoir poursuivi récemment des plus sanglantes invectives, veut bien lui reconnaître aujourd'hui du talent, de la facilité, enfin un certain mérite : dans sa généreuse disposition elle consentirait à le placer de quelques degrés a peine au dessous de M. Montallvet ou de M. Molé. Nous croyons qu'elle en ferait volontiers, s'il venait tout à coup è résipiscence, le subordon né de ces deux grands ministres. C'est dire assez qu'elle daigne l'é lever à une distance incommensurable au dessus de l'opposition. Quels sont, en effet, les orateurs de l'opposition qui oseraient soute nir l'éclat de la face resplendissante de M. Molé et de M. Montalivet, couronnés des doubles rayons de la victoire et de l'éloquence? On s'ingénie, par un misérable calcul, à blesser les opinions de la gauche à l'occasion de M. Thiers ; on s'efforce de dénaturer ses ex pressions et sa pensée pour tâcher de tirer de son dernier discours quelque chose d'offensant pour ceux qu'on appelle ses alliés; le mi nistère, qui se connaît en duperie, trouve charmant d'appliquer ce mot à une autre situation que la sienne 5 il se récrie contre le scandale des alliances formées, dit-il, sous l'aiguillon pres sant d'ambitions désordonnées ; il rappelle les vieux débats, tâche de ressusciter les haines et la défiance, suppose mensongèrement que dans l'opposition personne n'a jamais su respecter ni le talent ni la vie privée des hommes dont elle combattait la politique, et, soufflant la violence des deux côtés, se flatte qu'il va assister paisible à une lutte de récriminations ou d'amour-propre. Le ministère et ses soutiens en seront pour leur honnête tentative. Nous n'a vans à faire oublier, pour notre compte, aucune de ces lâches injures que nous avoiis vu diriger contre M. Thiers par d'autres que l'opposition : loin de rétracter les justes éloges qu'il a reçus de nous pour l'admirable talent qu'il a déployé dans la discussion de l'adresse; pour la dignité et le désintéressomeDt de-saeoBrduite depuis qu'il es| sorti du pouvoir; pour l'énergie de conviction avec laquelle il a pris en main, contre l'insoleuce de l'étranger et la pusillanimité du gouver nement français, la défense de notre honneur national et des grands intérêts qui se rattachent dans l'Occident au principe révolutionnai re, loin de rétracter ces éloges, disons-nous, nous sommes prêts à y ajouter encore s'il le faut ; oui, nous avons admiré l'orateur ; oui, nous avons applaudi à l'ancien ministre qui a déposé volontairement le pouvoir; oui, nous sommes unis d'intention avec l'homme désabusé qui a renouvelé, en face de la France, l'engagement de faire respec» ter son pays en Europe et de rendre la vérité au gouvernement par lementaire ! Et maintenant que peuvent faire à l'opposition les injures qu'on lui adresse? Ne lui suffit-il pas de regarder d'où elles partent? Malgré toutes les petites machinations de l'esprit d'intrigue malgré d'anciens dissentimeus nés de circonstances qui ne reviendront pas, elle saura honorer ceux qui serviront le pays, et elle laissera le ministère cré tin qui la fait Insulter jouir en paix de l'estime de ses panégyristes, de la reconnaissance des cabinets absolus et du dévoùment de ses al liés, souhaitant qu'il y trouve une compensation aux dédains de toute la France....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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