Extrait du journal

Barjac l'y attendajt. Ces grands hommes d'antichambre ont une intuition d'une sûreté qu'on retrouve difficile ment chez les prophètes de la science moderne. Un sourire échappé dans le premier salon et saisi par le duc et le valet révéla à chacun d'eux que l'occasion était favorable, dans le but de l'avertir do ce qui se passait. Richelieu fut introduit. M. de Fréjus, sobre et formaliste, en matière de repas, venait de prendre un dîner dontl'effet'avait dû être exhilârant pour son cerveau. Richelieu, s'apercevant de ces symptômes flatteurs, s'empressa de mettre la conversation au niveau de l'attente de son interlocuteur. -r- Monseigneur, j'ai fait selon vos désirs. — Quels désirs, cher monsieur de Richelieu ï — Nous avons eu l'autre jour, vous le savez, un petit entretien. — Ah ! oui ; pardon ! — Entretien dont les bagatelles touchaient foutes à quelque chose de sérieux. OH ! duc, vous avoz pris au sérieux notre entretien? — Oui, monseigneur, et ma conscience a été très vivement frappée. — Envérité! — A tel point, monseigneur, quo dès mon départ, je me suis mis en observation. M. de Fréjus se dérida. — Voyons, dit-il. — J'ai eu en vue, comme vous, monseigneur, la prospérité, la tranquillité de ce royaume. — Sans aucun doute, ce doit être le but et.le désir de tout bon Français, et monsieur de Ri chelieu est bon Français entre tous. — Cependant, monseigneur... — Eh bien? — Eh bien, un scrupule m'arrête. — Ah ! fit;M.de Fréjus encore une fois ramené aux craintes d'une défection de la part de Ri chelieu , vous avez un scrupule, vous? un scru pule qui vous arrête ? — Dame ! je vous l'ai dit, monseigneur, je suis devenu fort timoré à Vienne. — Comment, un scrupule I quand moi je semblais aa contraire... — Eh 1 monseigneur, je viens de vous dire...