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Le Siècle, 17 avril 1907

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Le Siècle
17 avril 1907


Extrait du journal

Il y a en France, trois classes de juges de tri bunal.civil gagnant respectivement 3.000, 4.000 et 5.000 fr., en province. Beaucoup de juges prennent leur retraite en cette qualité et un grand nombre d'entre eux se retirent comme, juges de troisième classe, ayant ainsi gagné 237 fr. 40 par mois, pas môme 8 fr. par jour. Qu'a-t-on le droit d'attendre, comme travail effec tif, do ces prolétaires dé la magistrature, gagnant moins qu'un mécanicien, travaillant en moyenne treize heures par semaine aux audiences, et qui, lorsqu'ils ne sont pas chargés d'un service spécial, tel que les ordres ou l'instruction, n'ont guère autre chose à faire qu'à délibérer avec le président, le quel, généralement, rédige seul les jugements. On peut dire que le président est, à lui seul, à peu près tout le tribunal. A l'audience, il consulte bien ses collègues et ceux-ci. assez jaloux de leur prérogative et d'ailleurs, consciencieux, ne permet traient pas que le président abuse, par trop, de son autorité pour juger tout seul les affaires. Cela se passe, surtout ainsi en matière correc tionnelle. S'il s'agit d'un procès civil un peu com pliqué, le président, après les plaidoiries, se fait remettre le dossier, l'examine seul, fait un projet de jugement et le communique à ses collègues qui, généralement l'approuvent sans discussion. Parfois, il y a parmi les juges un magistrat laborieux, qui veut s'instruire et qui demande au président de lui laisser préparer les jugements. Le fait est, assez /rare et on peut admettre, comme règle générale, qu'en fait, la justice civile est à peu près exclusi vement rendue par les présidents de tribunaux ci vils. . ... Cette justice est-elle bien rendue et le travail ju diciaire est-il bien fait ? ' ' . *V • Remarquez que nous ne parlons pas de fautes ou de'crimes que des magistrats pourraient commet tre, eh rendant la justice. v Le magistrat français, quoique pauvre, est hon...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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