Extrait du journal
FRANCE. Paris, 16 Juillet. Lés radicaux s'efforcent de [persuader au pays, rendu sur ce point très incrédule par l'expérience qu'il a déjà faite, que la so lution dé toutes les difficultés, la réponse à toutes les plaintes, le remède à tous les maux, se trouvent dans le suffrage universel combiné avec une nouvelle forme de gouvernement, comme si quel que chose au monde empêchait aujourd'hui ceux qui auraient con. çu un plan réalisable pour le soulagement des misères sociales, de l'exposer, de le mûrir, d'en démontrer l'urgence et l'étticacité. Pendant qu'ils se livrent à la propagation bruyante du dogme qui est devenu leur instrumeot de guerre, et qui ar fort heureusement, - détrôné l'émeute^ un autre parti cherche dans le passé les moyens de salut que la société actuelle, constituée sous l'empire du principe révolutionnaire, ne trouvera jamais, dit-il, en elle-même. Pour fonder solidement, s'écrient les uns, commencez par niveler le terrain, achevez l'œuvre de destruction, abattez ce qui reste des vieilles institutions, des vieilles formes, et jetez les fondemens d'un nouvel édifice.—Vous n'avez rien à fonder, s'écrient les autres, et presque plus rien, hélas ! à conserver. Voulez-vous voir renaître la prospérité, l'ordre, le repos, la grandeur, relevez ce que vous avez abattu, restaurez les ruines que vous avez faites, dites anathème enfin à la révolution et placez-vous sous la protection du principe d'autorité, en dehors duquel il n'y a qu'anarchie. Et nous disons, nous, a nos concitoyens : Ne souffrez pas qu'on renverse ou qu'on ébranle les institutions sur lesquelles s'appuie la société, sans savoir sur quelles bases elle pourra s'asseoir dans l'a venir. Procédez de réforme en réforme, à toutes les améliorations qui seront garanties par le progrès de la civilisation et des lumières, mais .quand cette voie vous est ouverte, quand vous avez l'élection, ,1a presse, la tribune ; quand l'opinion est plus forte que les lois pas sagères faitespourlui imposer, n'allez pasjouer, au jeu incertain et sanglant des révolutions, les destinées d'up grand peuple, car vous seriez des insensés, car vous deviendriez comptables envers le mon■de entier des dé?astres qui pourraient fondre sur notre patrie. Nous leur disous, d'un autre côté : Soyez reconnaissant envers vos pères de ce qu'ils ont fait, et ne laissez point périr entre vos mains les résultats de cinquante ans deluttes. Ce n'est point le prin cipe d'ordre ou d'autorité qu'ils ont détruit, c'est le despotisme ; ce n'est point le droit qu'ils ont aboli, c'est le privilège. Sans doute il est commode à un maître, pour n'être pas importuné des plaintes d.e ses sujets, de faire partout régner un vaste silence -, sans doute il était fort simple autrefois d'avoir une Bastille, comme il l'est en core aujourd'hui d'avoir le Spielberg ou les mines de la Sibérie. Si c'est là le symbole de l'autorité, à la bonne heure. Il ne s'agit plus que de trouver des peuples qui se soumettent patiemment à un tel régime. Mais s'il s'agit d'un principe moral, d'une règle, d'un droit souverain sur lequel se fonde toute la hiérarchie sociale, nous répondrons aux légitimistes que leur principe ne se relèvera jamais, parce que ce sont les convictions, les lumières, les intérêts, . les droits du peuple entier qui le repoussent et qui le condamnent. On dirait, à les entendre, que c'est une loi de fantaisie ou de colè re qui l'a tu*, ce principe, et qu'un acte de même nature peut le ré tablir. Non, il n'en est point ainsi ! Il a péri parce qu'il est faux, par ce qu'il est inconciliable avec-la liberté et que la France veut être libre. Si donc il arrivait jamais qu'à la suite de calamités que la France, nous l'espérons, ne traversera plus, il fût de nouveau pro clamé par la force ou par la loi, ce ne serait que pour un jour, et ce n'est point la sécurité qu'il rapporterait à notre pays, mais le dé sordre, la guerre et l'anarchie....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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