Extrait du journal
Au sujet de la lettre apocryphe que les journaux italiens ont attribuée à M. Thiers, et que la plupart des journaux français ont reproduite fous toutes réserves, on dirait que le gouvernement joue à cache-cache avec l'opinion publique. Voilà deux fois que le Journal officiel dément cette, lettre et s'indigne qu'on ait osé l'attribuer à M. Thiers, sans compter la déclaration faite dans le môme sens par M. le ministre des affaires étrangères à la tribune de l'assemblée nationale. Après ces communications et ces décla rations, nous sommes aussi peu avancés qu'auparavant. Ce qu'il fallait dire, on ne l'a pas dit. Pourquoi ? Est-ce qu'il est abso lument nécessaire d'obéir aux traditions de l'empire ? est-ce qu'il n'y aurait pas tout avantage au contraire à faire delà politique à ciel ouvert et à tecir la nation française au courant de ses propres affaires 1 De deux choses l'une : ou M. Thiers a écrit une lettre au pape ou il ne lui a pas écrit; ou il a pris un parti dans la question romaine ou il ne l'a pas pris encore. Si une lettre a été écrite, qu'on la publie; si on a pris un parti, qu'on nousjlisejequel. Si on n'a pas écrit et si toute liberté d'action est réservée, qu'on le dise égale ment. En vérité, il n'est digne, ni du gouverne ment ni de la France, de laisser ainsi l'opi nion publique en suspens sur un point qui l'intéresse au plus haut degré. La Vérité fait à ce sujet les réflexions suivantes : « En présence de l'importance donnée depuis quelque temps, par des catholiques mal ins pirés, h la conduite du gouvernement dan* les affaires de Rome, il serait à souhaiter que le chef du pouvoir exécutif s'expliquât franche, ment. , » Ne vaudrait-il pas mieux déclarer haute ment sa pensée sur la révolution qui vient dp s'accomplir en Italie, que d'inspirsr, par un silence trop prudent, aux uns, des espérances irréalisables, aux autres, des craintes peu fon dées. M. Thiers ferait sagement, il semble, de prendre lui-même la parole dans un débat où il est personnellement en cause, et de ne plus s'en rapporter aux déclarations de M. Jules Favre. Gelui-ci a perdu le droit d'être cru. « La lettre apocryphe avait paru sagement pensée, sinon bien écrite ; elle avait valu à son auteur supposé plus d'éloges que de critiques. Et, par une singulière coïncidence, cette mô me lettre paraît avoir le don d'exciter la colère du gouvernement, si on en juge par la vivacité de ses réponses. Serait-ce, par hasard, que les instructiona écrites ou verbales confiées à M. de Nicolaï aureient un tout autre sens? Faut-il on conclure que M. Thiers, clisf du pouvoir exécutif de la république française, est aussi ultramontain que M. Thiers simple particulier! On est presque tenté de le croire, et nous se rions heureux de voir une déclaration nette et franche réduire à ses justes proportions un incident que des réticences maladroites mena cent de grossir démesurément. »...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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