Extrait du journal

Le sénat vient de voter, sans y rien changer, c'est-à-dire telle qu'elle lui.est revenue de la chambre, la loi relative aux amnistiés militaires. On sait par quelles phases a passé la discussion de cette loi. Présentée tout d'abord au sénat, elle avait été votée avec certaines restrictions 'qui lui enlevaient,en réalité, le caractère d'une véritable amnistie. Etait-il juste et rationel de faire aux hommes qui ont été condamnés après avoir comparu devant la justice de leur pays, une situation pire qu'a ceux qui, ayant commis les mêmes fautes, étaient parvenus à se dérober à toute poursuite? D'un autre côté, était-il admissible que, dansune loi d'amnistie faite en faveur des insoumis et des déserteurs, on introduisît une disposition exceptionnelle à l'égard de ceux qui avaient déserté à l'ennemi ou devant l'ennemi ? Il est. évident que le fait punissable était le même pour celui qui, ne pou vant se résigner à passer de longues années loin de son pays, était venu se livrer lui-même à la justice pour expier sa faute, que pour celui qui s'était dérobé au châtiment. Pourquoi ce dernier, le moins intéressant, aurait-il été compris dans l'amnistie, tandis que le premier en aurait été exclu ? Pourquoi, lorsque des soldats apparte nant au même régiment, et le plus sou vent à la même compagnie, avaient dé serté ensemble, aurait-on accordé à ceux qui ont persévéré dans, leur faute, une faveur refusée à ceux qui ont voulu l'ex pier? Cela n'était ni juste ni rationnel. Il était...